15 septembre 2016 / Yves Heuillard (Reporterre)
Quel est le plus grand marché des moyens de production électrique du monde ? Celui des nouveaux renouvelables, c’est-à-dire essentiellement l’éolien et le solaire. En 2015, ils ont représenté un investissement mondial de plus de 260 milliards de dollars, soit plus du double des investissements dans la génération électrique aux combustibles fossiles ; en comparaison, les investissements dans le gros hydraulique étaient de 50 milliards (toujours en 2015) , et moins de 25 milliards pour le nucléaire (selon Bloomberg). Et donc, vous concluez que... il faut se recentrer sur le nucléaire.C’est ainsi qu’Areva choisit de vendre ses parts de l’entreprise éolienne offshore Adwen au géant Siemens-Gamesa, dans une annonce publiée le 14 septembre.L’affaire a démarré en 2007, quand Areva a acheté 51 % de la société éolienne allemande Multibrid. Objectif : développer une filière de l’éolien offshore, secteur promis à forte croissance. Contrairement à l’éolien terrestre, devenu très compétitif, l’éolien offshore est alors un marché naissant, non rentable pour longtemps sans aide publique. Multibrid apporte une technologie de pointe, Areva apporte en retour, selon les communiqués de l’époque « ses capacités financières et industrielles, son réseau commercial international ». Sous le nom d’Areva Wind, l’entité acquiert en 2009 l’entreprise de fabrication de pales de rotor PN Rotor. L’entreprise s’établit à Bremerhaven, la Mecque de l’éolien, dans la région de Hambourg.
Les difficultés d’Areva ne laissent pas d’espoir
En 2015, Areva, pratiquement en faillite, doit chercher des partenaires pour assurer la croissance d’Areva Wind. Il crée alors Adwen, une coentreprise à 50/50 avec l’espagnol Gamesa. Objectif : un projet d’éolienne offshore géante de 8 mégawatts (MW), dotée d’un rotor de 180 mètres de diamètre, machine notamment destinée aux parcs éoliens offshore français de Saint-Brieuc, Dieppe-Le Tréport, et de Yeu-Noirmoutier. Sa production en série devait être lancée en 2018 pour un démarrage des parcs (comptant chacun 62 éoliennes de 8 MW) en 2023. En 2015, Adwen est le deuxième fournisseur éolien européen offshore, avec 18,2 % de parts de marché, un résultat qu’il faut saluer même s’il est acquis en perdant 216 millions d’euros.- Image de synthèse d’une éolienne de 8 MW dotée d’un rotor de 180 mètres de diamètre, un temps en projet.
ÉOLIEN OFFSHORE CONTRE ÉOLIEN TERRESTRE
L’éolien terrestre permet aujourd’hui de se passer de subvention dans de nombreuses régions du monde et d’y être compétitif face aux autres sources d’électricité, y compris face au charbon. Il peut produire de l’électricité à un coût de l’ordre de 7 centimes d’euro le kilowatt-heure (kWh), ce qui en fait la source d’électricité additionnelle la moins chère en Allemagne et au Royaume-Uni, indique l’agence Bloomberg. En 2015, on a installé 60 gigawatts (GW) d’éolien terrestre dans le monde pour un parc installé cumulé de 433 GW, contre 4 GW d’éolien offshore installés pour 13 GWcumulés. Ce dernier coûte plus du double que l’éolien terrestre à production électrique équivalente. Quant au nucléaire nouveau, il se situe autour de 11 centimes (sur la base du prix garanti par le gouvernement britannique pour le projet EDF de Hinkley Point). Une étude du Lawrence National Laboratory (Berkeley Lab) sur l’évolution des coûts de l’éolien et publiée en septembre 2016 anticipe de nouvelles baisses de coûts (moins de 5 centimes d’euro dès 2030), mais évalue que celui de l’éolien offshore sera toujours deux fois plus élevé.- Image de synthèse d’un parc offshore d’éoliennes Areva.
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Source : Yves Heuillard pour ReporterrePhotos : Représentations des éoliennes d’Areva de 8 MW.
© Areva / Dikdak - 29/11/2013.https://reporterre.net/Areva-abandonne-l-eolien-industrie-de-l-avenir