Titre : Lucie s’en soucie
Scénariste : Véronique Grisseaux
Dessinateur : Catel
Parution : Janvier 2000
« Lucie s’en soucie » est un hors série de la série nommé « Lucie ». Ce roman graphique de 120 pages narre l’histoire d’une jeune trentenaire qui fait le bilan de sa vie au début des années 2000. Le tout est scénarisé par Véronique Grisseaux et dessiné par Cartel, et publié aux Humanoïdes Associés dans la collection Tohu Bohu.
Des personnages caricaturaux.
Aujourd’hui, « Lucie s’en soucie » serait vite catalogué dans les rubriques girly. Sauf qu’à l’époque, on pense plutôt à un pendant féminin à « Monsieur Jean » de Dupuy et Berberian. Une jeune trentenaire peu épanouie dans son travail souffre de son célibat. Ses copines et sa soeur ayant des vies rangées (mariage et enfant), elle subit la pression sociale de se trouver un Jules.
« Lucie s’en soucie » montre combien « Monsieur Jean » est réussi. En effet, cette BD montrait un trentenaire célibataire, peu enclin à s’engager, entouré par une galerie de personnages secondaires très réussis. « Lucie s’en soucie » se content d’aligner des stéréotypes déjà vus cent fois : la grande sœur qui a toujours mieux réussi, la copine bourgeoise entretenu qui finit par péter un câble, la copine artiste hyper libre… Bref, rien de neuf. On est en pleine caricature et on a du mal à s’identifier aux personnages. Sachant que le livre pèse 120 pages, c’est un comble ! Même Lucie, un poil névrosée sur les bords, ne suscite finalement que peu d’empathie.
Au niveau de l’histoire, Lucie est en quête d’un homme. Les fausses pistes sont lancées mais on sera finalement rarement surpris par la tournure des événements. La conclusion, qui nous fait la morale, n’arrange rien. Au lieu de développer un discours du type « tout le monde a sa façon de vivre », les auteurs appuient un peu fort sur « pour vivre heureux, vivons seul ». Le discours se veut moderne, mais à trop tirer là-dessus, il veut faire la leçon à son lecteur.
Au niveau du dessin, c’est un peu léger. Certes, le trait est dynamique mais son imprécision fait tiquer par moment. Les expressions exagérées accentuent cet effet de caricature déjà porté par le scénario. Mais c’est surtout la tartine de textes qui alourdit l’ensemble. Le choix du noir et blanc est plutôt sympa, les planches restant toujours lisibles. En soit, la bande dessinée se lit facilement, avec beaucoup de fluidité, mais sans susciter d’émotion : rire, tristesse ou empathie.
« Lucie s’en soucie » n’a pas grand intérêt. Comme souvent pour les romans graphiques, il est trop long et doté d’un scénario prévisible en grande partie. Le personnage de Lucie, véritable girouette qui ne sait pas ce qu’elle veut, peine à nous émouvoir. Sa destinée nous laisse un peu indifférent.