Cette offre dite de Freeze for Freeze, qui vient de nous être dévoilée par plusieurs diplomates occidentaux proches
du dossier, propose une période initiale de six semaines de reprise de pourparlers au cours desquels Téhéran n'interrompt pas ses activités en cours, tout en s'engageant à ne pas faire fonctionner de nouvelles centrifugeuses.En retour, les membres du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que l'Allemagne, s'engagent à ne pas imposer de nouvelles sanctions. «L'idée est la suivante: les Iraniens s'arrêtent là où ils en sont. Et nous aussi. Autrement dit, on ne suspend pas les sanctions en cours, mais on leur garantit de ne pas les renforcer pendant cette période», confie une source diplomatique occidentale sous couvert de l'anonymat.
Cette période de prénégociation, acceptée également par Washington, qui vise à s'entendre sur les paramètres des négociations, pourrait, en cas de réussite, déboucher sur une seconde période, cette fois-ci de six mois, pendant laquelle Téhéran accepte de suspendre ses activités, mais de manière non définitive. «On cherche à dire aux Iraniens que si leur problème, comme ils le disent, est lié à la suspension de l'enrichissement, alors on leur propose, cette fois-ci, de s'asseoir gratuitement, et pendant une période limitée, à la table des négociations», explique un autre diplomate proche du dossier.
Au cours des derniers mois, Téhéran a systématiquement réitéré son refus d'accepter toute proposition nucléaire des principales puissances mondiales exigeant une interruption de son programme.
Le déplacement de Javier Solana à Téhéran visait, avant tout, à présenter un nouveau paquet de "mesures incitatives", dans l'espoir d'une suspension de l'enrichissement. «Mais Solana a également profité de son voyage pour évoquer une formule imaginative pour créer la confiance dans le cadre de la préparation de négociations formelles», a confirmé, hier, par téléphone, Cristina Gallach, sa porte-parole, préférant ne pas donner plus de détails.
Cette idée, soumise à Saïd Jalili, le négociateur iranien, n'est pas complètement nouvelle. «L'année dernière, Solana avait déjà sondé Ali Larijani (ndlr: le prédécesseur de Jalili) sur des mesures créatives permettant de démarrer une période de prénégociation», précise Cristina Gallach. Pour l'heure, Jalili aurait laissé entendre qu'il allait réfléchir.
Fidèles à leur stratégie de la «carotte et du bâton», les Européens n'excluent pas, en cas d'échec, le renforcement des sanctions.« Elles restent à l'ordre du jour, notamment celles visant la banque Melli, mais nous allons attendre un petit peu » , remarque Cristina Gallach.