Ecrire parce qu’il y a des lieux qui inspirent, qui questionnent comme Washington DC, capitale des Etats-Unis d’Amérique. Comme New York, cette ville qui ne nous est pas totalement étrangère. La Maison Blanche, Le Capitole, le Washington Monument, le Mémorial Lincoln sont des lieux qu’un journal télévisé ou un film hollywoodien nous ont balancé à la tronche. On est arrivé en bus à DC. Et j’avoue qu’il n’y avait rien de très marquant jusqu’à l’arrivée à Union State, la gare ferroviaire. Si Washington n’est pas une très grande ville du point de vue démographique, elle est la capitale du pays le plus puissant du monde. La gare de Union State nous rappelle que la ville qui porte le nom du premier chef d’état n’est pas petite. C’est une ville agréable où la populace ne semble pas courir après le temps. Du moins, c’est une impression car nous y séjournons pendant le long week-end du labour day. En septembre me demanderiez-vous? Ben, si l’incident qui initia une fête du travail eût bien lieu aux Etats-Unis un premier mai, les américains ont tenu à se démarquer du reste de la planète. Il semblait en effet impensable de célébrer une même fête avec les communistes de l’URSS et des pays de l’Est...
Washington est cool. C’est un musée à ciel ouvert et fermé. Je m’explique - Je dois vérifier sur Google s’il existe une ville possédant autant de musées que Washington - Bon nombre d’entre eux, les plus importants d’ailleurs, sont gratuits. Ceux en particulier qui dépendent de la fondation Smithsonian. Nous avons eu l’occasion d’en faire quelques uns. Mais, je reviendrai plus tard sur ce point. Ciel fermé donc. Washington, dans le National Mall, c’est aussi de nombreux lieux de mémoire (memorials dans la langue de Shakespeare) souvent dédiés aux présidents qui ont marqué ce pays. Certains sont connus de la planète entière comme l’Abraham Lincoln Mémorial, situé dans le prolongement direct de l’imposant Washington Monument et du Capitole. Avec une exactitude telle que lorsqu’on se situe devant le républicain qui mit fin à l’esclavage en gagnant le civil war, on ne voit que le Washington Monument, le fameux obélisque. Mais l’âme patiente ayant soit bien préparé son terrain ou se faisant aidé par un habitant de la région pour découvrir des lieux dédiés à Thomas Jefferson, Franklin Delano Roosevelt ou Martin Luther King, des monuments et stèles dédiés aux soldats morts lors de la seconde guerre mondiale, en Corée, au Viet-Nam, etc. Ciel ouvert. L’Amérique sait rendre hommage à ses fils et ses filles les plus méritants. Et j’ai le sentiment que c’est le premier message que veut véhiculer le pays au travers de sa capitale. Les mots des plus grands sont repris pour porter une parole qui fédère et qui est appelé à s’incarner dans l'esprit des américains. Le mémorial de Thomas Jefferson, un des grands penseurs de la constitution américaine, nous le rappelle. Un homme ancré dans l'esprit des lumières. Quand on visite le mémorial de Roosevelt qui date d'une vingtaine d'années, on est frappé par le nombre extrêmement important de citations du seul président qui a fait trois mandats, du bâtisseur de l’Amérique après la terrible dépression de 1929. Roosevelt a annoncé des choses qu’il s’est évertué à concrétiser. La parole est sacrée comme celle du prophète, Martin Luther King, seul membre de la société civile dans ce concert de chefs d’état qui depuis le mémorial Lincoln annonça une Amérique unie, loin des peurs et de l'indifférence dans ce fameux rêve exprimé les yeux grands ouverts au coeur des institutions américaines.
En étant randonneur appliqué, sans faire de musée, on peut faire l’essentiel des grands monuments de la capitale américaine à pied en deux journées. Pour ce qui concerne les musées, c’est une autre paire de manche. Mais je reviendrai sur les musées à l’occasion d’un autre article. New York, c’est différent. Au-delà du caractère tentaculaire de la ville, c’est le rythme qui est tout de suite littéralement opposé à celui de Washington. Pourtant des lieux d’hommage sont également présents dans cette grande ville comme le mémorial de combattants de la guerre de Corée au Sud de Manhattan, le musée des indiens d’Amérique, très peu fréquenté malgré sa gratuité. New York est une place active et marchande avant tout. L’endroit rêvé pour les fans de shopping de la planète. On est d’ailleurs dans un monde complètement surréaliste dans cette ville et ce qui en fait tout le charme. Naturellement, le francilien que je suis se retrouve un peu dans ce rythme. Et même si on flâne comme de nombreux touristes sur des trottoirs semblent ne jamais se vider, la ville reste agressive vue sous cet angle. On est à la Défense grandeur nature. Washington par contre fait réfléchir l’Africain en moi. En particulier sur une hypothèse que Léonora Miano a émise dans l’un des romans de la Suite Africaine. Une idée originale d’ailleurs qui consistait à construire des lieux de mémoire pour les déportés vers les Amériques et en particulier pour ceux qui n’ont pas atteint l’autre rive. Quelle mémoire collective se construit-il sur le continent Africain ? Célébrer les plus grands d’entre nous, avec des mémoriaux dignes de l’action ou des idées émises pour Lumumba, Sankara, Kwame N’Krumah, Mandela… Eriger le mérite, le courage comme une norme. Ni plus, ni moins.
Un dernier point concernant New York. Même si j'ai indiqué que la ville court après le temps et l'argent, elle sait aussi rendre hommage à ses héros ou aux victimes de la barbarie. Son mémorial dédié aux victimes du 11 septembre est étonnant pour ne pas dire bouleversant. Deux énormes puits - je l'interprète ainsi - traduisant une forme d'effondrement. Et l'eau qui coule... Le nom de toutes les victimes de ces attentats avec en arrière plan le dôme singulier de la station du PATH train et de la galerie commerciale. Un moment solennel. Lieu de recueillement. Une jeune femme pleure à côté de moi. L'indécence des faiseurs de selfies plus loin.
Il paraît qu'en Afrique centrale, beaucoup vouent un culte à leurs morts. Le font-ils avec autant de respect que les américains qui sont plutôt de culture protestante ?