Ces 15 dernières années, la Corée du Sud voit le développement d’un phénomène social d’envergure : avec environ 300 demandes mensuelles, les fausses funérailles pourraient passer pour un phénomène de mode…
Mais dans ce pays en pleine croissance économique où l’on relève 42 suicides par jour et qui a la réputation d’être le moins heureux du continent asiatique, contrefaire la mort le temps d’un pastiche de cérémonie funèbre relève de la thérapie et de la prise de conscience métaphysique.
Plusieurs opérateurs funéraires proposent cette prestation en parallèle des services habituels : il s’agit tout simplement de permettre aux personnes inscrites de vivre le simulacre de leur mort et de leur mise en bière.
Tout commence sur le chemin du funérarium, où l’on doit se rendre avec lenteur, en réfléchissant déjà à ce que signifie la mort. Une fois sur place, les participants sont conduits dans une salle où des pupitres les attendent. Sur chacun de ces pupitres, un sac contenant le costume traditionnel des morts, tissé de chanvre blanc ou beige, du papier, une plume, une bougie.
Après avoir été accueilli et informé sur le suivi de la cérémonie, chacun est invité à rédiger son testament, ses dernières volontés, une lettre d’adieu destinée aux proches qu’on aime, tandis que la salle est plongée dans la pénombre, avec la seule flamme des bougies comme éclairage.Ce moment d’introspection peut être accompagné de pleurs chez certains, d’une profonde remise en question pour d’autres. Ces documents rédigés, les participants revêtent la robe funéraire rituelle, et rejoignent le cercueil qui leur est destiné.
Il s’agit de boites rectangulaires en pin, aux poignées en corde, percées d’un trou pour faciliter la respiration. Elles sont alignées dans une salle d’apparat ou en plein bois, si les conditions météorologiques le permettent.
Chaque stagiaire est placé devant la boite qui lui est dévolue, il lit ses dernières volontés à voix haute, on prend son portrait funéraire, il s’assoie dans la boite, puis s’allonge avant qu’on ne lui lie le corps comme il est de rigueur dans les obsèques en Corée. Le couvercle est rabattu, et la personne demeure entravée et enfermée de 5 à 10 minutes.
La boite est ensuite rouverte, et le participant une fois extrait, regagne la salle d’accueil où il confie son ressenti au cours d’une séance d’échange finale.
Étrangement les attaques de panique, les crises de claustrophobie sont rares (1 % des clients seraient même prêts à aller jusqu’à tester l’ensevelissement provisoire) ; au contraire, les stagiaires témoignent d’un lâcher prise très bénéfique, d’un grand bien-être.