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Bayer rachète Monsanto : bientôt la fin de l'agriculture bio ?!

Publié le 14 septembre 2016 par Bioaddict @bioaddict
Ce mercredi 14 septembre, le Groupe Bayer -laboratoire pharmaceutique et géant des insecticides- a annoncé racheter Monsanto -géant des semences OGM et des pesticides- pour 66 milliards de dollars soit 59 milliards d'euros. Bayer devient ainsi le n°1 mondial des semences et pesticides, régnant en véritable colosse sur la planète agricole !

Le glyphosate est le produit phare de Monsanto. Cet herbicide est le plus vendu sur la planète sous la marque Roundup. Très contesté en raison de son effet cancérigène sur l'Homme et de sa toxicité pour l'environnement, de nombreux pays ont décidé de l'interdire. Son homologation en Europe a notamment été remise en question pour la première fois en juin dernier suite à la manifestation mondiale du 21 mai 2015 qui a réuni des centaines de milliers de personnes qui ont défilé pour protester contre Monsanto et ses produits toxiques. Un Tribunal contre Monsanto a même été créé en 2016 avec une mobilisation internationale de la société civile pour juger Monsanto "pour violations des droits humains, pour crimes contre l'humanité et pour écocide".

Lire : Pourquoi il faut combattre Monsanto : fiche pratique

Côté Bayer, ce sont les insecticides néonicotinoïdes, et notamment le fipronil qui sont également sur la sellette. L'Assemblée nationale a interdit ces produits neurotoxiques nocifs pour les abeilles à partir de septembre 2018.

Pour pouvoir faire pression sur les Etats et imposer leurs produits, les deux Groupes ont ainsi décidé de fusionner.

"Pour continuer à vendre le package semences-pesticides, le Groupe Monsanto n'a plus tellement le choix, il doit se rapprocher d'un chimiste", explique aujourd'hui un consultant dans un article paru sur le site lexpress.fr.

"La transaction met ensemble deux activités différentes, mais fortement complémentaires", concernant les semences, engrais et pesticides, explique Bayer dans un communiqué.

En effet, le groupe Monsanto a annoncé des résultats en baisse de 15% en 2015, et la suppression de 3600 postes à l'horizon 2018, soit 16% de ses effectifs. L'an dernier, pour la première fois depuis vingt ans, les surfaces cultivées avec ses produits ont baissé. En cause ? la progression de l'agriculture biologique notamment.

Avec cette fusion, les deux géants de l'agro-business ont ainsi pour objectif de changer et d'améliorer l'image du Groupe le plus détesté de la planète. Mais également et surtout de faire pression sur l'Europe pour freiner (voir même empêcher totalement) le développement de l'agriculture biologique, en pleine explosion depuis plusieurs années, qui n'admet ni OGM ni pesticides.

Bayer, devenu une puissance financière colossale, roi des OGM et des pesticides, peut à partir d'aujourd'hui décider presque à lui seul de ce qui pousse dans nos champs et, par conséquent, de ce qui arrive dans nos assiettes. Cette méga-fusion menace la concurrence, le libre choix des producteurs, l'environnement, et notre santé à tous !

Ce "mariage infernal", comme le qualifie de nombreuses ONG, doit maintenant obtenir l'aval des autorités de la concurrence, en Europe comme aux États-Unis.

Les eurodéputés socialistes et radicaux, qui s'inquiètent de la "menace mondiale" qu'engendre cette fusion, ont vivement réagi dans un communiqué : "Rien de bon ne peut venir d'un monde où une multinationale vendrait un paquet complet semences OGM, engrais et pesticides chimiques. Nous invitons les autorités de la concurrence à utiliser l'ensemble de leurs prérogatives pour empêcher cette fusion, dangereuse pour les agriculteurs d'un point de vue économique et pour la sécurité alimentaire de tous les européens. Mais ce dossier ne doit pas être traité par les seules autorités de la concurrence : nous devons refuser ces fusions dans l'agrochimie qui finiront par mettre l'agriculture mondiale dans les mains d'entreprises devenues plus puissantes que les Etats dans la définition de politiques tournées à leur seul avantage. L'Europe avance lentement mais sûrement dans l'interdiction des OGM et du glyphosate : il ne faudrait pas que ce rachat aggrave les pressions des industriels pour garder des produits que nous ne voulons plus voir en circulation."

ME


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