Cauchemardesque, c’est ce qui peut qualifier la situation que vit actuellement le secteur du tourisme à la veille d’un changement de gouvernement qui a malheureusement occulté les opportunités d’une telle industrie en termes de création d’emplois, d’image, de stabilité et de richesse partagée. Le tourisme touche toutes les souches de la société du paysan dans l’arrière pays, à l’artisan dans son échoppe en passant par le restaurateur ou le blanchisseur.
Cette transversalité a hélas été ignorée à l’échelon national et encore plus à l’échelon régional surtout dans des régions où la principale activité est le tourisme. Et c’est bien dommage !
Ce désintérêt soudain des politiques de tous bords, n’a aucune explication probante si ce n’est une méconnaissance réelle du levier économique et social que peut être le secteur du tourisme.
Je dis soudain, car jusqu’en 2011 et juste après la signature du CPN 2020 le 30 Novembre 2010 à Marrakech, le tourisme était consacré, priorité gouvernementale avec une Bénédiction Royale.
Certes il y a eut le printemps arabe et le mouvement du 20 février 2011, mais les fondamentaux étaient solides et la réaction Royale a été à la hauteur des attentes avec un discours d’anthologie en date du 9 mars 2011 : Nouvelle constitution, nouvelles élections et nouvelle majorité parlementaire.
En a résulté un gouvernement d’alternance en janvier 2012 piloté par le PJD en association avec le PPS, le MP et L’ISTIQLAL, remplacé depuis 2013 par le RNI.
Depuis, c’est le black out total concernant ce secteur si l’on excepte les déclarations médiatico – politiques du Ministre lors de son road show en 2012 pour signer les CPR et qui a eu bien du mal à convaincre aussi bien les élus locaux que ses collègues du gouvernement du bien fondé de sa démarche dans le cadre de la stratégie 2020.
En cinq ans, un seul CST (conseil stratégique du tourisme du 19 Septembre 2014) et des « assises du tourisme» en trompe l’œil quelques jours plus tard ( 29 Septembre 2014).
L’action gouvernementale s’est focalisée sur le volet social en mettant en place des réformes importantes en matière de protection sociale (RAMED – Pensions pour les veuves – Extension de l’AMO pour les étudiants), la caisse de compensation tandis que le discours devenait moralisateur envers l’administration et les administrés à tel point qu’il était devenu presque indécent de parler du Tourisme….
L’assassinat du guide français Hervé Gourdel en Algérie (23 Septembre 2014), a impacté la situation du tourisme qui a commencé à se dégrader sérieusement et la série d’attentats qui a suivi depuis, tous hors Maroc, n’a fait que détériorer l’image de notre destination qui malgré la stabilité et la sécurité n’a pas résisté à l’effet d’amalgame.
Face à cette situation, on déplore le peu de réactivité du Gouvernement qui a continué à ignorer le secteur et à le laisser se dépêtrer seul face à cette crise qui ne dit pas son nom.
Au moment où le tourisme a le plus besoin d’une attention particulière, on ne trouve rien de mieux que de geler, voire réduire son budget dans le cadre des lois de Finances. La taxe aérienne instaurée en avril 2014 pour rectifier le tir reste insuffisante face à une situation exceptionnelle qui nécessite de gros moyens pour réhabiliter l’image du Pays et recouvrer la confiance des touristes.
Et les professionnels me diriez vous ?
Nous n’avons fait que subir cet état de fait, souvent vent debout et rarement en rangs serrés il faut le dire.
Nous avons essayé de tenir la tête hors de l’eau en rognant sur nos marges, multipliant les promotions et communiquant comme on peut sur une réelle stabilité et surtout un vivre ensemble que les nations européennes pourraient nous envier. J’en veux pour preuve, le nombre d’expatriés qui vivent au Maroc en toute quiétude, au sein d’une population autochtone en parfaite symbiose.
Ce type de communication aurait mérité d’être relayé par nos medias, nos diplomates et nos politiciens. En lieu et place, nous avons eu droit à une diatribe concernant notre société, notre produit, notre positionnement, distillée la plus part du temps par des personnes qui n’ont aucune conscience du mal qu’elles peuvent faire à une destination en devenir et tournée vers une jeunesse en recherche de points de repères.
Cette attitude est malheureusement relayée par les réseaux sociaux et une nouvelle presse, qui n’a aucun filtre ni dans ses propos, ni dans ses images et qui ne prend même pas la peine de vérifier une information avant de la diffuser tout azimuts.
Le terrorisme a créé un climat anxiogène et engendré l’islamophobie qui dessert le Tourisme en général et plus particulièrement en terre d’Islam. Le discours de SM Le Roi en date du 20 Aout dernier a été une bouffée d’oxygène et un message fort qui remet l’Islam à sa juste valeur : Une religion de paix. Et à ce titre, elle ne peut cautionner aucune dérive des transgresseurs. En sa qualité de commandeur des croyants et descendant direct du prophète, sa parole est légitime et saura se faire entendre au delà de nos frontières.
Alors que peut on espérer à la veille d’une nouvelle législature ? Que peut on attendre d’un nouveau gouvernement ? Comment pourrions nous remettre les projecteurs sur notre secteur afin qu’il puisse jouer pleinement le rôle qui lui a toujours été assigné : La locomotive du développement économique et social de notre Royaume ?
Cela passe nécessairement par une mobilisation de tous les acteurs du Tourisme, toutes professions confondues afin que les partis politiques en lice, incluent dans leurs programmes le Tourisme. Ce qui hélas n’est pas encore le cas pour la plus part d’entre eux.
Serrer les rangs et parler d’une seule voix en mettant en exergue l’image que peut véhiculer notre secteur en matière de symboles de stabilité, de cohésion, de développement et surtout de rapprochement des peuples quelques soient leurs origines ethniques ou religieuses.
Militer pour que le département du Tourisme soit doté de moyens humains et financiers à même de répondre aux attentes légitimes du secteur.
Inviter, le Conseil National du Tourisme décrété en mars 2016 à se réunir incessamment autour de l’étude lancée par le Ministère du Tourisme en mai 2016 pour faire le bilan sans concessions des cinq années écoulées dans le cadre de l’exécution de la Vision 2020.
A l’issue de ce Conseil, prendre des résolutions qui engageront la prochaine équipe gouvernementale afin de rectifier ce qu’il y aura lieu de rectifier pour que ce qui a été acté devant sa Majesté le Roi en novembre 2010 soit honoré par toutes les parties signataires du CPN Vision 2020.