Paul Jacoulet, rare Occidental ayant passé toute sa vie au Japon, a renouvelé l’art de l’estampe ukiyo-e par l’audace des couleurs et l’originalité des sujets traités. Artiste-voyageur, il a réalisé d’étonnantes séries de portraits et de scènes de la vie quotidienne du Japon, mais aussi de Corée, de Chine, de Mongolie, de Micronésie. La centaine de gravures sur bois réunies dans cette exposition ont été réalisées entre 1934 et 1960.
Entre témoignage ethnographique et Asie rêvée, elles nous entraînent dans un monde aujourd’hui disparu.
Né à Paris en 1896, Paul Jacoulet a trois ans lorsque ses parents s’installent au Japon. Il y restera jusqu’à sa mort en 1960. Dès l’adolescence, il suit l’enseignement de maîtres qui l’initient à la peinture classique de style ukiyo-e.
Jacoulet voyage intensément dans les îles du Pacifique, en Corée puis en Mandchourie, territoires alors sous contrôle nippon. D’abord aquarelliste, il choisit à partir de 1934 la technique de la gravure sur bois comme moyen d’expression principal. Très tôt, ses estampes sont exposées à Tokyo, Osaka, Kobe et Séoul. Cependant, affecté par le chaos né de l’entrée en guerre du Japon, il cesse de peindre pendant toute la durée du conflit. Fin 1946, encouragé par quelques Américains membres des troupes d’occupation, il reprend la production d’estampes et son succès dépasse dès lors le Japon et la Corée pour s’étendre aux Etats-Unis et en Australie.
Ses œuvres, série flamboyante de portraits d’hommes et de femmes des pays d’Extrême-Orient et des archipels du Pacifique, y font l’objet de nombreuses expositions. On y découvre une sensibilité aiguisée, une démarche quasi ethnographique, une sensualité audacieuse couronnée d’une parfaite maîtrise technique. Mais derrière la beauté d’un monde coloré et souriant se perçoit la certitude de sa prochaine disparition.
Paul Jacoulet est resté longtemps inconnu en France. Ce n’est qu’en 2011 qu’une première exposition lui est consacrée à la Bibliothèque nationale de France, suivie, en 2013, d’une autre au Musée du quai Branly. À son tour, la MCJP met à l’honneur cet artiste singulier, ouvert sur le monde, qui fit la synthèse des univers occidentaux et orientaux.
Les œuvres de l’exposition ont été aimablement prêtées par Jacques Dumasy, ancien diplomate ayant résidé de nombreuses années en Extrême-Orient.
9 sep. > 15 oct. 2016- Du mardi au samedi de 12h à 20h – Entrée libre – Musée de la culture du Japon – 101Bis Quai Branly, 75015 Paris