L'exploitation est loin d'être terminée et le directeur du théâtre a eu la bonne idée de la reprendre pour cette rentrée. L'affluence sera sans doute forte sur ces quatre semaines plus pour goûter la vision de Philippe Adrien que pour entendre Molière dont on ne pense pas avoir encore le potentiel de nous étonner.
Et pourtant si ! La meilleure preuve ma été donnée par Philippe Adrien lui-même qui bien que connaissant plus que très bien cette oeuvre n'a pas retenu plusieurs éclats de rire le premier soir de la "reprise". Les comédiens ont perçu cette forme de satisfaction depuis la scène, ce qui les a rassurés, signifiant qu'il sont (toujours) sur la bonne voie.
Manifestement très ému, le metteur en scène a exprimé publiquement le sentiment qu'il avait vécu ce moment de manière inédite : Molière n'en finira jamais de nous surprendre, a-t-il commenté. Les personnages sont là pour nous dire à quel point nous prenons les fantômes qui nous entourent pour de la réalité. Ils sont terrifiants (et nous-mêmes le sommes sans doute aussi) et nous donnent envie de nous enfuir. En nous confrontant à l'être humain effrayé et effrayant, Molière nous démontre, à condition d'écouter le texte différemment, que ce qui est angoissant peut devenir en fait très drôle. Ce que l'on prend dans notre vie quotidienne pour une réalité ne l'est alors pas du tout.
La pièce commence par une évocation totalement volontaire de l'Angélus de Millet avec deux jardiniers-paysans qui entretiennent un lopin de terre symbolisant le printemps de la vie en illustrant la définition que Molière donne de la femme qui serait le potager de l'homme. La dernière scène avec l'arrivée d'Amishs m'a fait penser à un tableau de Grant Wood faisant partie de la collection de l'Institut d'art de Chicago, intitulé American Gothic.
A l’époque des mariages d’intérêt et des unions arrangées, Molière met en scène l’amour comme une force de libération et d’accomplissement de soi. Le printemps est à vif dans le coeur d’Arnolphe, en proie au démon de midi : le bonhomme est grotesque certes, mais ô combien vivant et captivant !
L'Ecole des Femmes est la première grande comédie de Molière. Elle parait paraît l’année même où Molière épouse Armande Béjart, de 20 ans sa cadette. Il était tentant de projeter l'homme dans le personnage d'Arnolphe. En faisant courir la rumeur que sa femme pouvait être sa fille on a cherché à briser sa carrière.
Collaboration artistique Clément PoiréeAu Théâtre de la Tempêtedu 6 septembre au 2 octobre 2016avec Patrick Paroux (Arnolphe, Valentine Galey (Agnès), Pierre Lefebvre (Horace), Joanna Jianoux (Georgette), Gilles Comode (Alain), Pierre Diot (Chrysalde), Raphaël Almosni (Le notaire, Enrique) et Vladimir Ant (Oronte)Décor Jean Haas et costumes Cidalia Da Costa
En tournée du 19 janvier au 21 janvier 2017 au Volcan - Le Havre (76) puis le 24 janvier au Colisée - Théâtre de Roubaix (59), le 27 janvier à La Lanterne - Pôle culturel de Rambouillet (78), le 31 janvier au Théâtre André Malraux - Rueil Malmaison (92), le 3 février à l'Espace Philippe Auguste - Vernon (27) et le 21 février au Palais des Congrès d'Issy-les-Moulineaux (92)
Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Antonia Bozzi ou de Pascal Sautelet.