Il est grand temps que les politiques cessent de s'accrocher au pouvoir. Élisons à la présidentielle de 2017 un candidat, porté par une initiative citoyenne, dont le défi sera de changer le fonctionnement de nos institutions.
Quelle semaine ! Qu'on en juge, après le discours de François Hollande jeudi 8 septembre à la salle Wagram, qui revêtait un côté surréaliste que chacun a cherché à comprendre ou à décrypter , nous avons eu droit au carnet de bal des impétrants à la primaire LR, et un petit tour de pupitre à Reims pour les assisses du «Fabriqué en France» . Et cerise sur le gâteau, la fête de l'Huma à La Courneuve.Michel Serres écrit dans «La Petite Poucette» : «le temps ou des puissants supposés commandent à des imbéciles supposés est révolu !» Il faut croire et redouter que nos puissants, fruits d'une démocratie épuisée, n'aient pas ce type de bonne lecture. Il y a peu, sur «Le Cercle» nous avions osé une annonce d'emploi, avec un profil type de candidat, pour un CDD de 5 ans à pourvoir en 2017. La feuille de route portait notamment sur l'impérieuse nécessité de modifier d'abord notre fonctionnement démocratique.
Jeu de dupes
La semaine qui s'achève ne peut que conforter le plus grand nombre dans cette évidence, faute de quoi 2017 sera un nouveau marché de dupes, avec une abstention redoutable et un gagnant par défaut comme en 2002. Il faut se persuader en effet qu'un Président ou Présidente élu(e) à l'issue d'une telle mascarade n'aura dès le lendemain de l'élection aucune légitimité dans l'esprit de la majorité des citoyens.L'élection du Président au suffrage universel, pilier de notre constitution, arrive de fait au bout de sa logique. Conçu pour et par Charles de Gaulle, le processus a perduré jusqu'à nos jours, mais le syndrome des primaires y porte un coup fatal. Passe encore pour des primaires d'initiative citoyenne, animées par des collectifs soucieux d'échapper au joug des partis, mais qu'en est-il des primaires artisanes de quelque couleur qu'elles soient.
C'est une nouvelle expression de la main mise des partis qui filtrent et veulent continuer à s'arroger l'exorbitant pouvoir de dire qui sera candidat et qui ne le sera pas. Ainsi, après les 500 parrainages, désormais publiés, le financement préempté, nous avons la ceinture et les bretelles pour mieux verrouiller.
Une autre voix
Il faut pourtant savoir qu'un pays où les dirigeants s'accrochent est un pays en déclin. Là encore, il faut relire Michel Crozier, en avance sur son temps : «comme dans toutes les grandes mutations, ce sont les hommes qui sont en avance et le système qui est en retard». C'est exactement de cela dont il s'agit, sur le terrain, l'initiative citoyenne bouillonne. Il est possible à partir de la citoyenneté active des territoires de proposer un nouveau mode de fonctionnement économique et social. Alors, essayons en commençant par le commencement.Ce commencement consisterait à porter en 2017 aux commandes un candidat citoyen dont la première et peut-être unique mission serait dans les 6 premiers mois de mandat de changer notre fonctionnement institutionnel.
Un candidat citoyen, vierge ou pas de toute trajectoire politique, mais regardé comme l'incarnation et l'instrument d'une large volonté populaire de changement. Un candidat qui offrirait à la vraie majorité de ce pays, celle des abstentionnistes, des non-inscrits, du vote blanc, ou des dépités tentés par autre chose, la possibilité d'exprimer sur son nom un vote précis, prélude à l'élection d'une Assemblée nationale elle-même constituée par des motivations identiques.
Il reste quelques mois pour y réfléchir avec cette belle formule empruntée à Saint-Exupéry : «La pierre n'a point d'espoir d'être autre chose que pierre, mais en collaborant elle s'assemble et devient temple».