Après les avis en tout genre qui ont douché sérieusement un enthousiasme naissant pour « LE » projet de ses rêves, l’auteur en herbe est à nouveau envahi d’un doucereux « Pour qui je me prends ? ».
Pourtant…
Dans bien des cas, nul besoin cependant des hurlements de Maman ou des conseils dubitatifs de la bonne copine pour ne plus envisager cette idée, qui rejoindra le tiroir des projets oubliés. Sont invoquées des tas de raisons aussi valables les unes que les autres. Je me dois d’être réaliste et ne pas fantasmer, j’aimerais chanter mais suis seulement capable de chantonner.
Pourtant, submergé de rêves et d’envies, on se surprend à espérer le coup de baguette magique d’une fée attentionnée. Ce serait tellement génial de se réveiller à un autre endroit, à un autre poste, avec un compte en banque rempli à ras bord sans avoir bougé le petit doigt. On se rabat frénétiquement, en toute discrétion, sur les horoscopes ; on consulte en cachette, voyantes, médiums et cartomanciennes, mais les clés d’un avenir radieux restent introuvables. On soupire, parce qu’au tréfonds de nous, on pressent que la mise en œuvre de tout dessein est exigeante et nécessite des efforts. Le temps nous obsède, nous qui vivons dans un monde d’immédiateté. Le risque inéluctable nous inquiète et nous craignons l’échec, mais aussi la réussite qui commande de s’autoriser à faire sauter les verrous et sortir de sa zone de confort pour plonger dans l’inconnu.
« En quoi serais-je légitime ? »… Il apparaît plus facile de se protéger ainsi d’un salvateur « Pour qui je me prends ? », aussi frustré, mécontent, insatisfait que l’on puisse se sentir. Tout bien considéré, on préfère se complaire dans un cadre, un environnement sans surprises qu’on connaît parfaitement, et contenir ses ambitions.
"Pour qui je me prends? ou les tribulations d'un apprenti auteur"
Hélène de Montaigu