réalisé par et avec Morgan Spurlock
Documentaire américain. 1h38. 2004.sortie française : 30 juin 2004
Le fast-food est partout. 37 % des enfants et des adolescents américains ont un problème de poids. Deux adultes sur trois sont atteints de surcharge pondérale ou d'obésité. Comment l'Amérique est-elle devenue aussi grosse ?
Pour mener son enquête, Morgan Spurlock a traversé les Etats-Unis et interrogé des spécialistes dans plus de vingt villes. Un ancien ministre de la santé, des profs de gym, des cuisiniers de cantines scolaires, des publicitaires, des avocats et des législateurs lui confient le résultat de leurs recherches, leurs sentiments, leurs craintes et leurs doutes.
Mais le fil rouge de ce documentaire est une expérience que Morgan Spurlock décide de mener sur lui-même. Sous la surveillance attentive de trois médecins, le voilà donc au régime MacMuffin, Big Mac, Royal Cheese, frites et coca.
Je regarde rarement des documentaires (c'est pour cette raison que j'en chronique peu). Ce n'est pas par manque d'intérêt mais plutôt parce que je n'ai pas pris l'habitude de faire cette démarche. Je suis consciente que je passe à côté de bons films. D'ailleurs, le peu que j'ai pu voir m'ont plu. Je tenais vraiment à parler de Super Size Me, documentaire archi-connu et que je n'avais pourtant pas encore vu. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour ce film. Le sujet m'a certainement aidée à l'apprécier pleinement. Je ne vais pas vous faire un cours sur ma vie (on s'en cogne), ni vous dire de bouffer healthy comme les youtubeuses beauté (rappelez-vous : je suis gourmande). Chacun fait ce qu'il veut, je ne juge personne même si j'ai mon avis sur la question. L'alimentation et la santé sont pour moi des sujets importants. De plus, j'ai beau aimé manger (quelle déclaration d'amour à la nourriture !), j'ai toujours évité les fast-foods, et encore plus ces dernières années. Le réalisateur Morgan Spurlock se met en scène pour notre plus grand bonheur (non, il n'y a rien de narcissique contrairement à ce que l'on pouvait craindre) : il décide de tenter une expérience qui semble folle et pourtant qui a été décidée à partir d'un fait divers existant et concret : deux Américains décident de poursuivre en justice McDonald's qui les aurait obèses. Les produits vendus seraient " nourrissants et sains " selon la chaîne de fast-food qui a gagné ce procès et qui en général les remporte (pour la petite info, la loi surnommée " Cheeseburger ", protège juridiquement les fast-food : on ne peut plus les attaquer en justice pour cause d'obésité). Morgan Spurlock prend les propos au premier degré pour pouvoir démonter cette industrie et surtout pouvoir poser des questions pertinentes : est-ce que les fast-foods sont responsables de l'obésité croissante des Américains ou n'y a-t-il pas d'autres facteurs à prendre en considération ? Bref, lui qui est en très bonne santé, n'a pas l'habitude de fréquenter des McDo, en couple avec son épouse de l'époque végétalienne, décide de manger trois fois par jour pendant un mois uniquement à McDonald's en commandant évidemment le menu Super Size (qui n'existe plus depuis la sortie du film même si McDo prétendra que ce n'était pas lié à son succès). Evidemment, pour jouer encore plus le jeu à fond, il décide aussi de réduire sa mobilité (en contrôlant le nombre de pas, en prenant le taxi ou moyens de transport au lieu de marcher), les Américains (en dehors de New-York) bougent très peu. Il est évidemment suivi par trois médecins qui vont s'affoler au fur et à mesure de son expérience.
La chose qui m'a frappée en premier en découvrant Super Size Me est son côté ludique. Ce point pourra certainement agacer certains spectateurs mais pour ma part, il s'agit de son point fort. Oui le film tente de séduire un certain public, les jeunes, ceux qui sont encore plus concernés par la tentation du fast-food et ne mesurent pas tous toujours les conséquences de ce type de consommation régulière ou en tout cas refusent de la voir (même si cela s'applique à des adultes, j'en ai conscience). Même dans la mise en scène, le montage ou plus généralement le ton, il est certain qu'il y a une envie de conquérir ce public en particulier. Cela dit, je crois que même les " non-jeunes " pourront aimer l'ensemble du long-métrage qui vise souvent juste dans sa démonstration. La problématique est très compréhensible, le déroulé de l'exposé est très logique et très clair, on ne se perd pas quand on passe d'un point à un autre et surtout on voit où le réalisateur-acteur (très attachant, le propos passant alors peut-être encore mieux que prévu) veut en venir. Si on est un minimum éduqué, on ne nous apprendra pas le fait suivant : manger quotidiennement à McDo est mauvais pour la santé. C'est pas un scoop. Mais je ne pense pas que Spurlock nous prenne pour des idiots. Personnellement, je savais que les produits McDo n'étaient pas bons, mais je ne pensais pas que c'était à ce point du poison. C'est pour cette raison que Super Size M e doit continuer à être vu et diffusé. Le film ne réussit pas seulement à dégoûter de cette malbouffe mais veut comprendre (notamment grâce à des interventions pertinentes) comment les gens sont poussés à ce type de consommation quitte à mettre leur santé en péril. Il est alors intéressant de voir qu'il n'y a pas que la santé qui est mis en jeu mais l'éducation des jeunes. Est-ce qu'il y a alors des solutions pour éviter ce carnage qui tue petit à petit l'Amérique ? N'y a-t-il pas aussi de l'hypocrisie de la part des gens dans le débat concernant l'obésité ? Morgan Spurlock réussit à mener son exposé de manière agréable et fluide tout en proposant derrière une réelle bonne réflexion sur, finalement, un certain mode de vie aux Etats-Unis. Ce film nécessaire (même si la nécessité ne fait pas tout mais heureusement tout le reste suit pour délivrer encore mieux sa réflexion) et toujours d'actualité malgré ses années au compteur concerne évidemment dans un premier temps le pays de l'oncle Sam mais je pense que même les Européens sont concernés par le parti pris de Spurlock, étant donné qu'on tend de plus en plus à un mode de vie similaire à celui adopté par une grande majorité des Américains.