Les chercheurs des Universités de Pennsylvanie et de l’Iowa démontrent, par suivi de 100 patients souffrant d’ulcères du pied diabétique, que les communautés fongiques trouvées dans ces plaies chroniques peuvent former des biofilms bactériens-fongiques mixtes et peuvent être directement associés aux retards de cicatrisation. Les participants ont été suivis durant 26 semaines, ou jusqu’à amputation ou cicatrisation. Tous les patients atteints d’ulcère ont reçu les mêmes soins médicaux et leurs plaies ont été échantillonnées toutes les 2 semaines et les prélèvements séquencés afin d’identifier les champignons résidant dans les plaies.
Une énorme pièce manquante du puzzle : jusque-là peu étudiés, les composants fongiques du microbiome s’avèrent, avec ces travaux, en première ligne dans le retard de cicatrisation des plaies chroniques : » Les plaies chroniques, telle une épidémie silencieuse, se produisent habituellement en conjonction avec une autre condition, comme le diabète ou l’obésité et exige beaucoup de soins « , rappelle le Dr Elizabeth Grice, professeur de dermatologie et de microbiologie à l’Université de Pennsylvanie. » Nous avons voulu savoir si des communautés fongiques prospèrent profondément à l’intérieur des plaies chroniques et elles freinent ainsi la cicatrisation « .
80% des plaies présentent des champignons,
· au total, les chercheurs identifient 284 espèces différentes,
· Cladosporium herbarum (Visuels) s’avère le plus fréquent, présent dans 41% des plaies,
· Candida albicans dans 20% des plaies.
· Certaines communautés sont associées, soit à la cicatrisation, soit à des complications de type infection de l’os et amputation,
· des niveaux plus élevés d’ascomycètes sont associés à des délais de cicatrisation > 8 semaines
· des combinaisons bactériennes-fongiques peuvent former un biofilm mixte : certains champignons interagissent avec les bactéries favorisant la formation de biofilms dans les plaies. Faute d’identifier cette interaction critique, et de la cibler, la plaie ne pourra pas cicatriser.
C’est une première étape vers une meilleure compréhension et sensibilisation aux enjeux de cicatrisation des plaies chroniques et vers le développement de meilleurs protocoles de gestion. Il s’agit en pratique d’identifier les interactions polymicrobiennes au sein de ces plaies, sans oublier les champignons et leurs interactions avec les communautés bactériennes.
Source: mBio September 2016 DOI: 10.1128/mBio.01058-16 Redefining the Chronic-Wound Microbiome: Fungal Communities Are Prevalent, Dynamic, and Associated with Delayed Healing (Visuels NIH)
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