Messieurs les responsables politiques,
Ne m'accusez pas d'être trop inquiet en lisant ce message. J'ai le droit d'avoir peur quand on me dit que nous sommes en guerre et qu'on ne sait jamais où les ennemis, les terroristes, ces hommes au cœur empli de haine, peuvent frapper. Permettez-moi de vous exposer ma peur.
Le lendemain après les attentats de Nice, j'ai pris un train régional qui a traversé beaucoup de villes de la région parisienne jusqu'à Paris (des villes dont je choisis de taire le nom pour ne pas donner des idées à ces fous, ces assassins gavés de drogue qui rationalisent leur folie par une appartenance à un groupe ou à un dieu.) Je ne souhaite pas ici m'étaler sur leur mobile, car qui peut vraiment comprendre les actes d'un homme qui a perdu la raison, celle qui nous retient d'agir comme des bêtes sauvages ?
J'ai eu peur, je vous assure, en voyant qu'aucune mesure de sécurité n'est prise avant l'accès au train, malgré toutes les menaces qu'on connaît et que vous ne cessez de nous répéter. J'avais peur de ces voyageurs qui rentraient dans le train avec leur valise, en me disant : ' et s'il y avait une bombe là dedans !?' J'avais peur de ces passagers qui passaient dans les allées avec un sac à dos, en me disant : ' et s'il y avait une arme là dedans !?'. J'avais peur de tout et j'étais méfiant de tous.
Je sais que je ne suis pas le seul à être inquiet en prenant un train où l'accès est ainsi facile et sans contrôle. Ne dit-on pas que des ennemis sont là parmi nous et prêts à saisir toute occasion pour faire un maximum de victimes ? Pourquoi leur laisser ainsi des proies aussi faciles, sans semer le moindre doute dans leur esprit ? Venez avec moi et prenons le train ensemble, messieurs les dirigeants, et vous verrez que quiconque a envie de commettre l'horreur, pourrait y avoir facilement accès et provoquer de nombreuses victimes.
Qu'attendez-vous pour imposer la décision de contrôler les accès aux trains et aux métros, pour éviter d'éventuels drames dans ces transports en commun ? Qu'attendez-vous pour imposer des mesures objectives et dissuasives pour rassurer les voyageurs et prévenir le malheur, ou semer un peu plus de doute dans l'esprit d'éventuels assassins ?
Ce jour-là dans le train, j'ai senti à quel point le malheur pourrait nous frapper à tout moment et j'ai eu peur, comprenez-moi. Prévenir vaut mieux que guérir, dit l'adage. Mais vous semblez avoir fait le choix de guérir. Certes, il faut être efficace pour sauver le maximum de personnes si jamais le malheur surgit malgré tout (il n'y a jamais de risque zéro tout le monde le sait). Mais qu'est-ce qui vous retient d'imposer des contrôles ou d'instaurer des portiques avant l'accès aux trains et aux métros ? Manque de moyens financiers ? La peur du peuple qui se plaindrait de perdre sa liberté avec tous ces contrôles ? Le même peuple vous en voudrait de n'avoir pas su le protéger si jamais un attentat frappait dans ces transports en commun ; et vous dépenseriez alors des millions d'euros pour indemniser les victimes et leurs familles. Pour ma part, je me sentirais coupable de ne pas exprimer ce ressenti que j'ai eu dans le train ce jour-là : il suffit qu'un de ces fous ait accès à des armes, qu'il achète un billet et qu'il choisisse sa gare. Voilà mon inquiétude.
https://lettresduncitoyen.wordpress.com/2016/07/22/linquietude-dun-citoyen-apres-les-attentats/