Elle fait partie de ces gens détestables qui diffusent sans trop de sens critique les thèses toxiques de Zemmour. On peut la ranger sans trop se tromper dans la case toute faite pour elle des néo-cons réacs. Et elle le prouve assez médiocrement avec l’interview qu’elle donne au Figaro, ici. Cette longue diatribe à sa façon, plus pleine de fiel et d’aigreur émotionnelle ¹ que de réelle analyse (et sans la moindre once de compassion en effet) se complait et se prélasse dans les affres du burkini. Quelle polémique bénie pour cette droite réac et son aile extrême, qui se confondent à présent dans la même haine de l’étranger. Pour elle, qui se prétend à contre-courant d’une gauche qu’elle combat (raison de plus pour la combattre, elle), il faut en parler, « car c’est très très important ». Ce qu’elle ne démontre pas, sinon par une obsession qui lui appartient, sans doute liée à son histoire personnelle dont je me fiche comme de ma première paire de chaussettes sales. Qu’elle consulte. Car en effet, comment ne pas céder à l’irrationnel, devant un débat qui y est si enclin ? En opposant une réalité, du quantifiable, des chiffres. Or, pas de bol pour Madame, la plupart des communes qui ont édicté des arrêtés anti-burkinis n’ont même pas réussi à verbaliser qui que ce soit, c’est dire. Il est donc objectivement démontré qu’il s’agit d’ un phénomène marginal qui ne concerne que quelques illuminées, comme des bonnes sœurs dont il n’y a pas de quoi faire un tel plat, si indigeste pour notre équilibre collectif. Fin de la démonstration. Poursuivons dans la connerie crasse. Comble de l’absurdité – arrête de ramer, Ben Hur – la voilà qui se prévaut à présent des vertus de l’antifascisme, les fascistes étant les islamistes. Pourquoi pas. Sauf que. Ya comme un défaut dans la belle robe Gucci de Madame Lévy. Elle attribue en effet quelques défauts légèrement rédhibitoires à toute une communauté en fonction de son appartenance religieuse, et accrédite la thèse d’un danger imminent encouru par la société française qui serait menacée par l’islam, reprenant ainsi la thèse débile de Renaud Camus sur le grand remplacement. Je résume ? De la merde. De la grande et belle ordure qui ferait se retourner toute une section d’antifas dans leur tombe. Fin de la blague. La généralisation excessive et le fait d’attribuer telle ou telle caractéristique à toute une population est la base même du racisme et de la xénophobie, et suffit à invalider une pensée qui se prétend supérieure. La suite vaut son pesant de cacahuètes en termes de confusion mentale :
Etre libéral ne signifie pas interdire d’interdire, mais ne se résoudre à le faire qu’en dernière extrémité. Proclamer, au nom d’un libéralisme absolutiste, que tous les choix individuels se valent et que chacun fait ce qu’il lui plaît, on arrive, comme vous le soulignez à un relativisme dévastateur et à des sociétés qui se défont, car non, on ne peut pas vivre avec toutes les différences. On a le droit de définir collectivement les lignes rouges au-delà duquel votre ticket national n’est plus valable. Bien sûr, tous les Français ont le droit de vivre en France, mais pas n’importe comment.
Prétendre ainsi que le libéralisme (dont elle se prévaut, donc autre point d’opposition) est une pensée de la liberté en jouant sur l’origine étymologique trompeuse, tout en prétendant l’interrompre pour les besoins de sa démonstration, en exprimant tranquilou qu’il faut tout de même y mettre des barrières (je suis hilare) pour l’intérêt collectif, voilà qui est bien dire le contraire de ce que l’on affirme. Où est la cohérence ? Mais je garde le meilleur pour la fin : ce monument d’anthologie de la pensée névrosée et totalement hors réalité de ces gens là, qu’on aurait pu dater des années 30 en remplaçant un terme par un autre :
Nous sommes en présence d’une offensive qui n’est pas menée par un commandement unifié mais par des myriades d’individus et de factions, d’associations, d’amicales, de médias, sans oublier des sponsors plus ou moins transparents. Comme le souligne Marcel Gauchet, cette nébuleuse ne cherche nullement à prendre le pouvoir comme le Ben Abbes de Houellebecq. Ses activistes s’emploient à renforcer leur contrôle sur le groupe, en particulier sur sa partie féminine, tout en menant des campagnes destinées à tester notre capacité de résistance. We shall fight on the beaches – nous combattrons sur les plages, déclarait Churchill le 9 mai 1940. On dirait que l’Histoire se répète et si c’est sous la forme d’une farce, elle n’est pas vraiment drôle. Eh bien, nous aussi, nous nous battrons sur les plages – ce combat-là, contrairement à celui d’hier, est seulement idéologique, mais, sans abuser de grands mots, il a aussi quelque chose à voir avec la défense de notre civilisation.
Je suis bouche bée, et mes doigts ne parviennent même plus à tracer ma pensée… Un tel délire laisse pantois. j’en ai connus d’autres dans les institutions psychiatriques. Mais fort heureusement pour l’intérêt collectif, les patients en question étaient suivis médicalement, et ne faisaient pas profession d’informer. A moins que Causeur ne la pratique au sens des sites de ré-information, propres aux complotistes de l’extrême droite. Cette prestation figaresque y ressemble furieusement.
¹ laquelle se lit d’ailleurs sur les traits de son visage, marqué par une telle absence de bonté, déformé par la haine, le mépris, l’amertume, et autres sentiments négatifs qui se lisent sur sa face comme dans un livre ouvert, ce qui est assez gênant.