La mort subite cardiaque est rarement associée à l’exercice, y compris chez les patients atteints de cardiomyopathie hypertrophique, explique cette étude de l’Université de St George de Londres, présentée au Congrès 2016 de la Société européenne de cardiologie. Des données qui appellent même à mieux regarder les effets d’un exercice adapté chez ces patients à risque cardiaque élevé.
Absence de symptômes, absence de diagnostic : chez la plupart des patients, la pathologie est silencieuse et non diagnostiquée. Ici, près de 80% des patients de l’étude ne présentaient aucun symptôme et seul un sur 5 avait été diagnostiqué avec cette condition, avant son décès.
Une maladie du muscle cardiaque héritée : caractérisée par une hypertrophie des parois du ventricule gauche, la condition est héritée, à expression clinique variable et caractérisée par ce risque élevé de mort subite cardiaque. Le décès chez ces patients atteints est causé par des arythmies fatales qui pourraient pourtant être traitées efficacement par défibrillateur implantable.
L’exercice, un déclencheur d’arythmies fatales ? Si les recommandations internationales déconseillent aux patients présentant une expression phénotypique claire de la cardiomyopathie hypertrophique la pratique de sports de compétition, il reste à confirmer si la mort cardiaque subite associée se produit plus fréquemment au cours de la pratique de l’exercice. C’est l’objet de cette étude qui a analysé les circonstances et les caractéristiques démographiques de ces décès intervenus chez 184 patients cardiaques. Tous les patients, âgés en moyenne de 39 ans et à 70% des hommes, ont subi un examen détaillé post-mortem par un pathologiste cardiaque pour confirmer le diagnostic de cardiomyopathie hypertrophique.
· Seuls 20% des patients reçoivent un diagnostic ante mortem de cardiomyopathie hypertrophique,
· Seuls 22% des patients avaient présenté des symptômes cardiaques tels que des palpitations, dyspnée, syncope et douleur thoracique avant le décès (soit 78% des patients étaient asymptomatiques)
· La mort subite cardiaque intervient à tous âges (avec la plus forte incidence au cours des 3 et 4è années de vie),
· la majorité des patients (près de 80%) décèdent au cours d’une période de repos,
· ici, parmi les 149 patients décédés au repos, 22 (12%) sont décédés pendant le sommeil.
· La mort subite cardiaque durant l’effort survient plus fréquemment chez les jeunes patients de sexe masculin. Ici, seuls 11% des participants victimes de mort subite cardiaque étaient des sportifs ou des athlètes.
A l’encontre des idées reçues, la mort subite cardiaque est relativement rare, durant l’effort chez les patients atteints de cardiomyopathie hypertrophique, elle intervient le plus souvent au repos et parfois pendant le sommeil. L’exercice n’apparaît ici comme déclencheur de mort subite cardiaque que chez les jeunes hommes.
Cela suggère un ajustement des recommandations actuelles en fonction d’une évaluation des risques prenant en compte le sexe et l’âge…, concluent les chercheurs, qui appellent à mieux étudier les effets -peut-être même positifs- de certains types d’exercice chez les patients atteints de cardiomyopathies.
Source: ESC Cardio 28 August 2016 Preventing sudden death: diet or device et 30 August 2016 Prognosis in cardiomyopathies Sudden death in hypertrophic cardiomyopathy rarely associated with exercise
Lire aussi:MORT SUBITE CARDIAQUE: Découverte d’un gène de susceptibilité–
INSUFFISANCE CARDIAQUE: 2 protéines cibles pour éviter la mort subite