« Le Tao est la technique ; la technique est le Tao » Umeji Roshi
Kenran Umeji Roshi est le maître qui a guidé Graf Dürckheim dans la pratique du tir à l’arc traditionnel au cours de son séjour au Japon (1938-1947). Au Japon, on parle d’un Tao de la technique dans tous les arts proposés dans le monde du Zen. Tao (Do) c’est l’ordre des choses. Tao, par exemple, est l’ordre des choses qui fait que tout ce qui est vivant devient ce qu’il est. Je suis ! Être c’est devenir selon un ordre des choses. Je suis, et moi, je n’y suis pour rien !
La technique, par contre, nécessite l’engagement du moi, de l’ego. La technique, c’est un exercice qu’il faut apprendre. Plusieurs étapes succèdent à ce point de départ : faire bien ce qu’on a appris ... maîtriser ce qu’on fait bien ... maitriser parfaitement ce qu’on maîtrise. Au cours de ces différentes étapes, moi, j’y suis pour quelque chose ! La technique est donc un savoir faire exercé au sens extérieur du mot ; ce qui peut conduire à une performance extérieure digne d’admiration ; tant dans le domaine du sport, le domaine du développement personnel, ou le domaine de l’art. Cependant, sur la voie qu’est le zen, le caractère extérieur d’une performance est sans intérêt si le savoir faire ne se double pas d’une métamorphose dans la vie intérieure du pratiquant.
Au cours de son séjour au Japon, Graf Dürckheim a assisté à un concours qui opposait les élèves de différentes écoles de tir à l’arc (Kyudo). Un juge regardait la cible : - le point d’impact de la flèche -. Un autre juge regardait : la manière d’être du tireur tout au long de la séquence des huit gestes qui permettent d’encocher puis de décocher la flèche. A sa grande surprise, un troisième juge observait seulement le visage du concurrent. Et si, à travers la moindre crispation du visage, il laissait transparaître un moi ambitieux ou anxieux ... le tir était refusé ! Ce qui est vrai sur le chemin du tir à l’arc, l’art de l’épée ou l’Aïkido l’est également lorsqu’on pratique la méditation de pleine attention : « Le Tao est la technique ; la technique est le Tao ». Aussi, afin de laisser émerger du plus profond de soi-même le grand calme intérieur (je n’y suis pour rien !), n’hésitez pas à reprendre chaque jour la méditation de pleine attention (j’y suis pour quelque chose).
Evitez de pratiquer pour ... après ... en espérant un résultat plus tard ! Pratiquez, dans la plus grande attention maintenant pour maintenant. Pratiquez en ce moment pour ce moment. Ce faisant « J’y suis pour quelque chose » et « Je n’y suis pour rien » ne font qu’un !
Jacques Castermane
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