Les objets de santé connectée représentent un progrès indiscutable, le fitbit en fait partie, cependant ils posent aussi la question de la contrainte, de l’intrusion voire même de la déresponsabilisation. Car finalement, on délègue une partie de son mode de vie. Ces chercheurs américains constatent que des centaines de personnes abandonnent ces dispositifs d’auto-suivi après les avoir utilisés. 2 études sur l’usage du fitbit, publiées dans le cadre de l’Association for computing machinery et du Congrès UbiComp 2016 (Heidelberg) révèlent tout un spectre d’émotions, pendant ou après l’utilisation. Prendre la santé en mains nécessite aussi une dose de psychologie.
Les raisons de l’abandon : les utilisateurs l’abandonnent pour des raisons très différentes, constatent les auteurs, avec une première étude menée sur 193 ex-utilisateurs :
· la protection des données personnelles, ou la crainte que ces données soient divulguées,
· les difficultés d’utilisation des informations reçues, et leur pertinence pour changer les habitudes et progresser,
· l’absence d’efficacité ou de changements concrets opérés sur le mode de vie à partir des données,
· la culpabilité de ne pas être en mesure d’atteindre ses objectifs,
· le besoin de liberté et le sentiment de ne pas supporter et le souhait d’alléger une certaine » tyrannie » de l’auto-suivi.
Alors comment mieux soutenir les usagers dans leur utilisation du Fitbit ? C’est la question qui vient en tête à la lecture des premiers résultats. La même équipe tente d’y répondre, comme de nombreuses équipes de marketing tentent de mieux comprendre » le stade de la caducité » dans l’utilisation de leurs produits. Ils identifient, cette fois, sur 141 ex-utilisateurs de fitbit, 3 grands types d’utilisation (sur une courte période, sur une longue période et avec régularité, par périodes et de manière occasionnelle). 4 points de vue des utilisateurs se dégagent
1. Un véritable apprentissage avec le sentiment de progresser
2. le sentiment d’inutilité, de difficulté d’utilisation (exploitation des données, perte de temps),
3. la culpabilité ou la frustration, soit d’avoir abandonné, soit de n’avoir pas progressé à partir des données,
4. un sentiment ambigu entre les promesses et possibilités de l’outil et la difficulté de s’y tenir.
Quand le fitbit rattrape son utilisateur : Une fois les usages et les sentiments des usagers mieux connus, les chercheurs ont invité les participants à consulter plusieurs représentations visuelles possibles des données du Fitbit. Ces données ont permis d’identifier des voies d’amélioration, comme une meilleure agrégation/présentation des données, adaptée aux précédentes expériences de tracking de l’utilisateur, un meilleur » support » à l’utilisation, et de meilleures comparaisons » sociales » des données de l’utilisateur qui mettent mieux en valeur ses propres données en regard de celles de ses pairs… Il devient alors possible, en re-proposant une remise en forme des précédentes données de ramener l’utilisateur à l’usage du fitbit. Bref, après une période d’abandon, l’utilisateur ne doit pas rester sur un échec…
Source: Communiqué University of Washington September 8, 2016 Life after Fitbit: Appealing to those who feel guilty vs. free
Association for computing machinery Beyond Abandonment to Next Steps: Understanding and Designing for Life after Personal Informatics Tool Use
Association for computing machineryUbiComp 2016 Reconsidering the Device in the Drawer: Lapses as a Design Opportunity in Personal Informatics