Les statines sont utilisées pour abaisser les niveaux élevés de cholestérol dans le sang en inhibant la capacité du foie à produire le cholestérol. Mais elles sont aussi évoquées dans de multiples indications, par des études de plus en plus nombreuses : plébiscitées non seulement en prévention du cancer, des complications de la grippe et même de la maladie de Parkinson. Avec cependant, un effet secondaire bien connue et fréquent, des douleurs musculaires chez 75% des patients. Pourtant, aujourd’hui, un grand nombre de patients âgés prennent des statines en prévention primaire des maladies cardiovasculaires. Plusieurs grandes études, une méta-analyse publiée en mai 2011 dans la Cochrane Review, une étude de l’University College (Londres) présentée en 2010 au Congrès annuel de l’EASD et une étude publiée en 2012 dans le Lancet recommandent des statines pour tous, au-delà de 50 ans, pour prévenir les MCV.
Aux Etats-Unis, les nouvelles lignes directrices de American College of Cardiology (ACC) et de l’American Heart Association (AHA) ciblent tous les sujets susceptibles de bénéficier d’un traitement par statine et en particulier les personnes les plus à risque de crise cardiaque et d’AVC, même si leur taux de cholestérol reste dans les limites normales. Ainsi, au-delà de recommander une thérapie par statine aux patients déjà diagnostiqués avec une maladie cardiovasculaire, un diabète ou une hypercholestérolémie, ces lignes directrices recommandent plus largement les statines aux personnes à risque élevé d’événement cardiovasculaire dans les 10 années à venir.
Des preuves à grande échelle de l’efficacité des statines : l’examen, d’essais contrôlés randomisés et d’études d’observation, effectué par des chercheurs de l’Université d’Oxford, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, de l’Université Johns Hopkins et de l’Université de Sydney va dans le même sens et met en évidence le rapport bénéfice – risque de la thérapie par les statines, montrant que la réduction du risque d’événements cardiovasculaires l’emporte largement sur les effets secondaires possibles. Car ces médicaments sont associés à des risques tels que des lésions hépatiques (plutôt rares) et des faiblesses voire des dommages musculaires (myopathie).
Les principales conclusions de cette analyse sont :
· Des preuves à grande échelle de l’efficacité des statines pour réduire les lipoprotéines de basse densité (LDL ou » mauvais » cholestérol) jusqu’à plus de 50%,
· cette réduction du taux de cholestérol LDL est bien associée à une réduction proportionnelle des taux d’événements vasculaires, tels que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et maladie coronarienne : chaque réduction de 1 mmol / L de cholestérol LDL permet une réduction de 25% du taux d’événements vasculaires majeurs.
· Un traitement par statine en prévention secondaire, permettant une réduction du cholestérol LDL de 2 mmol / L sur 5 ans chez 10.000 personnes permettrait d’éviter 1.000 événements vasculaires,
· un traitement par statine, en prévention primaire pourrait prévenir ces événements chez 500 personnes sur 10.000 (5%).
Peut-on parler de surmédicalisation ? et de médecins qui prescrivent des statines à des patients qui n’en ont pas réellement besoin ? Ici, l’examen montre plutôt que la thérapie par statine est plutôt sous-utilisée, en particulier chez les patients à risque élevé de crise cardiaque ou d’AVC. En Europe, seulement 42% des patients souffrant de maladies cardiovasculaires prennent un traitement anti-cholestérol. Enfin, cet examen souligne l’importance de rester prudent sur effets secondaires possibles du médicament, qui ne devraient pas dissuader, au départ, l’initiation du traitement par statine.
N.B. la plupart des auteurs de l’étude sont » subventionnés » par un laboratoire pharmaceutique
Source:The Lancet September 8 2016 DOI: 10.1016/S0140-6736(16)31357-5Interpretation of the evidence for the efficacy and safety of statin therapy