Les circonstances ont ralenti le rythme de publication de la Bibliothèque malgache et, en conséquence, celui de l'exhumation du Journal d'un bourgeois de Paris pendant la guerre de 1914, dont la réédition avait commencé en janvier de l'an dernier. Cependant, l'entreprise touche à sa fin. Le 16e fascicule de la série, disponible aujourd'hui, est l'avant-dernier. La fin de la guerre est proche, celle de l'existence de Georges Ohnet aussi. Il continue, en tout cas, à regarder de près autant qu'à essayer de voir ce qui se passe plus loin - en Russie, par exemple.Ce qui se passait à la cour de Russie et qui a abouti à cette Révolution si rapide qu’on dirait un écroulement, commence à être connu. C’est fabuleux ! Il paraît que depuis de longues années la haute société russe, et le monde de la Cour particulièrement, était adonnée aux pratiques de l’occultisme. Ces malheureux étaient à la merci de simulateurs très habiles qui les avaient poussés à une croyance aveugle dans le spiritisme. Une sorte de mysticisme érotique brochait sur le tout, si bien que le secret de l’importance prodigieuse de Raspoutine et de Protopopof est là. Ils faisaient tourner les tables, endormaient les grandes dames, et se livraient à des pratiques sadiques qui auraient dû les mener tout droit à la potence. C’est par des crises de magnétisme que l’Impératrice était tombée littéralement sous la domination de Raspoutine. Elle lui écrivait des lettres d’hallucinée, en proie aux transes du baquet de Mesmer. Raspoutine fut le Cagliostro crasseux, malodorant, aux cheveux gras et aux ongles en deuil, de cette société en décadence, et livrée aux émotions mystico-sensuelles.La Bibliothèque malgache édite une collection numérique "Bibliothèque 1914-1918". Au catalogue, pour l'instant, les 16 premiers volumes (d'une série de 17) du Journal d'un bourgeois de Paris pendant la guerre de 1914, par Georges Ohnet (1,99 € le volume). Une présentation, à lire ici.Et le récit, par Isabelle Rimbaud, des deux premiers mois de la Grande Guerre, Dans les remous de la bataille (1,99 €).