La promenade au phare, ce sont ces riens dont la vie est faite. Trois parties. Deux pendant lesquelles le temps est immobile. La vie de quelques personnes, quelques heures, dans une maison de campagne, sur une île. La troisième, entre les deux autres, voit dix ans passer en quelques pages, et anéantir le monde. Il m'a semblé retrouver Proust et Bergson dans cette œuvre. C'était leur époque, d'ailleurs.
La vie n'a pas de "sens", elle n'a pas de direction. Nous n'avons pas de destin. La vie, au sens propre du terme, est une succession d'événements insignifiants, et pourtant décisifs. A chaque fois nous sommes allés contre le cour de ce que nous croyons être "l'histoire", la normalité telle que nous l'inflige la société. Nous avons réagi "bizarrement". Pourtant, après coup, on s'est rendu compte que c'était bien. C'était une victoire. Nous avons changé le monde, pour le mieux. Tout est une question de hasard et de présence d'esprit : la chance sourit à l'esprit éclairé ; mais il a eu la détermination de ne pas céder aux pressions de la conformité, jusqu'à ce que se produise une forme d'éclair de génie.