Partager la publication "[Critique] INFILTRATOR"
Titre original : The Infiltrator
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brad Furman
Distribution : Bryan Cranston, Diane Kruger, John Leguizamo, Benjamin Bratt, Yul Vazquez, Amy Ryan, Joseph Gilgun, Elena Anaya…
Genre : Drame/Thriller/Adaptation
Date de sortie : 7 septembre 2016
Le Pitch :
L’agent fédéral Bob Mazur est chargé d’infiltrer un groupe de trafiquants de cocaïne opérant sur le sol américain pour le compte de Pablo Escobar. Son plan : se faire passer pour un expert en blanchiment d’argent et faire tomber à la fois les barons de la drogue et les banquiers corrompus. Histoire vraie…
La Critique :
Le film d’infiltré est quasiment un genre en soi. Donnie Brasco, Les Infiltrés, Reservoir Dogs ou Point Break comptant par les classiques d’une thématique star, qui aujourd’hui encore, a toujours tendance à focaliser l’attention du public. À l’heure où l’excellente série Narcos raconte sur Netflix la traque de Pablo Escobar, certainement le narcotrafiquant le plus célèbre de l’Histoire, Brad Furman a choisi de s’intéresser à Bob Mazur et à son livre, dans lequel il raconte comment il a permis l’arrestation de plusieurs membres clés de « l’organisation » du cartel de Medellín en se faisant passer pour un professionnel du blanchiment d’argent. Une histoire vraie donc, qui offre l’opportunité au cinéaste d’embrasser un univers éminemment cinématographique, propice à quelque chose de puissant et de mémorable. Le fait est que Infiltrator n’est malheureusement pas si mémorable que cela, malgré son côté prometteur sur le papier.
Est-ce que parce qu’il semble prendre un malin plaisir à embrasser tous les lieux communs déjà vus dans la plupart des films cités plus haut, qu’Infiltrator n’arrive jamais à faire oublier le parfum de déjà-vu qu’il distille en permanence ? Peut-être. Il faut dire que son script, méticuleux et consciencieux est beaucoup trop sage. Trop scolaire. Un scénario qui échoue également à mettre en valeur les ellipses qui le parcourent, soulignant ainsi ses propres maladresses. Résultat des courses, on a du mal à croire en l’amitié qui unit Bob Mazur, le personnage principal, aux malfrats qu’il a infiltrés. L’investissement du personnage n’est pas totalement souligné de manière convaincante pour… ben pour convaincre justement. À contrario d’un Donnie Brasco, Infiltrator manque de temps forts. Il se déroule d’une traite sans tenter de fulgurances. Et si une telle démarche peut relever du parti-pris, ici, elle a juste tendance à provoquer un ennui poli. Mais c’est propre et appliqué, c’est déjà ça. Tant pis pour le côté un poil brouillon.
Brad Furman de son côté, qui rappelons-le est celui qui, avec La Défense Lincoln, a initié la résurrection de Matthew McConaughey, adopte une démarche similaire. Il colle de près aux codes et ne fait pas de vagues. Son histoire est forte, mais il se range du côté de la rythmique imposée par son script (écrit par sa mère) et fait de son mieux pour rendre justice à ses personnages. Du travail de bon artisan, sans zèle, ni, et c’est là que le bas-blesse, de génie.
Les acteurs par contre, y vont à fond. Surtout Bryan Cranston, dont le talent n’est plus à prouver depuis Breaking Bad. Depuis Malcolm même. Cranston est éblouissant. Il porte littéralement Infiltrator sur ses épaules et pour sa part, honore le courage et l’aplomb de Bob Mazur. Parfait quand il joue le double jeu à la base de tout, le comédien constitue l’attraction principale du film. John Leguizamo aussi est impeccable, tout comme Diane Kruger et Benjamin Bratt. À vrai dire, le long-métrage brille principalement grâce à son casting, pertinent et flamboyant, qui lui offre sa prestance, faisant parfois oublier ce que tout ceci aurait pu donner entre d’autres mains, peut-être un peu plus audacieuses.
Difficile de ne pas comparer Infiltrator à d’autres films et séries. Après tout, il joue sur un territoire qu’il n’est pas le premier à fouler. L’évidence saute aux yeux. Lentement mais sûrement, il se complaît dans une routine qui ne sied guère à ce genre d’histoire. Il commet un délit de tiédeur. Ni mauvais ni génial, il navigue entre deux eaux.
En Bref…
Infiltrator n’est pas un Pablo Escobar Movie. Pablo d’ailleurs, on ne le voit jamais ou presque. Le film l’évite consciencieusement, pour se concentrer sur ses personnages, sans parvenir à offrir à leur quête un écrin à la hauteur. Reste un thriller dramatique correct, sauvé par ses acteurs. Bryan Cranston en tête, vous l’aurez compris.
@ Gilles Rolland