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The girls d'Emma CLINE

Par Lecturissime

The girls d'Emma CLINE

A la fin des années 60 en Californie un été brûlant cloue au sol la jeune Evie Boyd, adolescente de 14 ans. La jeune femme qui vit seule avec sa mère traîne sa solitude dans la ville, errant ici et là sans parvenir à trouver un point d'ancrage. Il y a bine Connie, son amie d'enfance, mais cet été-là, même elle semble terne et sans intérêt. L'ennui et la solitude s'invitent aux côtés de l'adolescente mal dans peau. Jusqu'à ce qu'elle croise le chemin de Suzanne, une jeune femme marginale qui attire irrésistiblement la jeune Evie en mal de reconnaissance. Suzanne l'a regardée, Suzanne l'a vue, lui a parlé, Evie est conquise et suit Suzanne juqu'au ranch où elle habite avec d'autres filles. S'ouvre alors devant elle un autre monde mené par le charismatique Russell, leader du groupe de jeunes filles, personnage étrange qui veut bâtir une nouvelle société , " Sans racisme, sans exclusion, sans hiérarchie." loin des modèles bourgeois en place. Comme un papillon désarçonné par la lumière, Evie fuit sa réalité insipide pour se fondre dans cette communauté.

"Je commençais à remplir tous les vides qui étaient en moi avec les certitudes du ranch. Le chouette bagou de Russell : plus d'ego, débrancher l'esprit. Capter le vent cosmique à la place. Nos croyances aussi légères et digestes que les petits pains et les gâteaux fauchés dans ne boulangerie de Sausalito, pour nous empiffrer de fécule." p. 190

Elle voit la liberté et le faste derrière la crasse et le délabrement du ranch, prête à tout pour intégrer le groupe et être reconnue, regardée, et ne plus être cet être fade, cette adolescente qui traîne sa jeunesse sans but et sans motivation. Et pourtant, elle risque de se brûler les ailes à vouloir trop s'approcher ...

Emma Cline s'inspire ici de la secte de Charles Manson et du meurtre de Sharon Tate, épouse du réalisateur Roman Polanski et de quatre de ses amis tués sauvagement par les émissaires de Manson dans leur villa de Los Angelès en 1969. Mais au-delà du fait divers, la jeune auteure parvient à capter avec une acuïté de vue époustouflante les dérives de l'adolescence, offrant des personnages avec une vraie profondeur psychologique. Tout est juste, au bon endroit, chaque mot est pesé, maîtrisé, chaque phrase porte presque en elle les contradictions de la secte.

Du grand art, u ne perfection rare pour un premier roman !

Merci à Sandra et à Arnaud qui ont su être convaincants et m'ont permis de découvrir cette pépite !

The girls, Emma Cline, traduit de l'anglais (US) par Jean Esch, Quai Voltaire, août 2016, 300 p., 21 euros

Une adaptation est prévue :


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