La critique
La violence familiale, entre maladresses et justesse, virtuosité et hystérie...
Rose (Catherine de Léan) est une jeune femme hantée par une enfance désastreuse. Dans sa tête elle se souvient de ces moments où son père (Laurent Lucas) battait sa mère (Pascale Bussières) sous son regard apeuré et celui de son frère Felix (Thomas Lalonde). Un père violent et effrayant, une mère et une famille brisée à jamais...Les années sont passées et Rose est devenue une belle jeune femme. Travaillant dans une troupe de théâtre qui lui permet d'exorciser ses démons, elle partage également une relation saine et très charnelle avec son petit ami Nathan (Francis Ducharme, en véritable sex machine). Mais lorsque Rose retourne dans la maison familiale et retrouve sa mère en sang pour avoir été frappée une énième fois, elle craque. Pour se libérer et libérer aussi toute sa famille de cette violence, elle met en place un plan. Elle force sa mère à venir vivre avec elle et kidnappe son père. Rose espère qu'en le séquestrant, elle obtiendra des réponses, des excuses. Mais le père ne lâche rien et la mère semble s'interdire d'être libre. Impuissante face à un passé qui la ronge, Rose commence à tomber dans une rage sans limites qui pourrait bien l'amener à briser le présent apaisé qu'elle était parvenue à construire...
Etrange objet cinématographique que ce nouveau long-métrage de Carole Laure. Choisissant un sujet fort, coup de poing, la réalisatrice s'aventure en terrain hostile au risque de tomber dans le piège de la surenchère et de l'hystérie. Le mot qui caractérise le mieux cette oeuvre ,qui reste singulière, est "inégal". En terme de réalisation déjà, le film passant de passages très "télefilm" ou trop kitsch (les passages rêvés, cauchemardesques, sont surfaits) à des moments de pure virtuosité (scènes de sexe étourdissantes, corps fabuleusement filmés et nombreuses idées de plans intéressantes). Inégal dans le scénario et le traitement du sujet ensuite, passant d'une sensibilité et d'une certaine subtilité à un voyeurisme et une hystérie qui mettent profondément mal à l'aise. Enfin, au niveau de l'interprétation, tour à tour juste ou franchement excessive. La violence des échanges familiaux, la douleur intérieure, un passé handicapant jusqu'à la fin d'une vie...On s'accroche sur son fauteuil grâce à une certaine sincérité et une envie et une nécessité de raconter cette histoire qui sont palpables. Film plus "essai" que "art", La capture n'est pas une réussite mais dispose d'assez de force et de courage pour rester quelques temps dans les esprits.