Certes, la nouvelle offre de la startup possède quelques atouts par rapport à ce que proposent les acteurs traditionnels, dont, notamment, les banques. Directement connectée au compte Lydia, la carte (fournie par MasterCard) est entièrement pilotée, en temps réel, via l'application mobile : notification des transactions, activation des fonctions (retrait, paiement en ligne, option sans contact…), changement du code PIN, définition des plafonds… sont accessibles en quelques gestes et exécutés instantanément.
Logiquement, alors que les paiements et autres échanges d'argent sont gratuits pour les particuliers, Lydia facture l'émission de la carte (10 euros) et son utilisation (3,99 euros par mois, pour un usage « raisonnable »). Sachant que le compte sous-jacent est, en principe, lui-même lié à une carte bancaire (pour l'approvisionnement), la transparence de fonctionnement représentera-t-elle un avantage suffisant pour convaincre les clients d'en adopter une deuxième ? Sans oublier que des concurrents – tels que Morning ou le très médiatisé Compte Nickel – commencent à se positionner sur ce marché.
D'un point de vue stratégique, l'initiative soulève des questions sensibles, touchant potentiellement à l'avenir du paiement par mobile. En effet, même sans écarter totalement la raison officielle, le besoin de créer une carte révèle au grand jour le problème de toute nouvelle plate-forme de paiement : comment atteindre une masse critique d'utilisateurs, à la fois du côté des consommateurs et des commerçants ? Pour Lydia, la difficulté semble se concentrer sur les seconds. Or, ce n'est clairement pas en proposant une carte qu'elle peut espérer améliorer ses performances de conquête.
Globalement, les fondateurs de la startup donnent donc l'impression de prendre conscience que leur modèle d'origine atteint ses limites en termes de potentiel de développement. Simultanément, l’arrivée en force du chinois Alipay sur le continent européen, avec une solution relativement proche (techniquement) et une puissance de frappe colossale, représente certainement une menace sérieuse pour les petits acteurs locaux. Entre ces deux sources d'inquiétude, une réorientation vers une approche différente constitue probablement une décision prudente.
Malheureusement, les options disponibles sont limitées et aboutissent régulièrement à la carte en plastique, qui paraît décidément indéboulonnable. Et chaque « retour » vers ce vieux support ne fait que renforcer sa position dominante, laissant à chaque fois moins de place pour de possibles alternatives. À défaut de mieux, cette hégémonie donne au moins l'avantage de stimuler la créativité des startups : les banques seraient avisées de s'inspirer des fonctions supplémentaires qu'amène Lydia sur ce terrain…