En 2009, je me souviens être allé à la Pinacothèque de Paris à une exposition sur la peinture hollandaise. Il y avait un Vermeer (La lettre d’amour) devant qui le public était agglutiné. A quelques mètres, j’étais quasi seul pour admirer deux portraits individuels d’un peintre dont l’incroyable talent a été malheureusement éclipsé par le génie de ses deux compatriotes Vermeer et Rembrandt ; et pourtant que ses œuvres sont belles, que ses œuvres sont grandes (il nous comble de joie !). Il s’appelle Frans Hals.
Né en 1580, il est mort en août 1666, il y a 350 ans précisément. Il dédiera la quasi-totalité de son œuvre aux portraits, individuels et de groupes.
Ses œuvres ? Des portraits, encore et toujours des portraits. Mais quels portraits ! Des gens de toutes conditions : des grands de ce monde et des petites gens. Frans Hals reproduit tout aussi bien le visage sévère du grand négociant, martial du capitaine, enjoleur d’une bohémienne ou hilare d’un joueur anonyme de rommelpot, instrument typiquement flamand, au son particulièrement « gouleyant ».
Frans Hals – Le cavalier riant
Au vu de son histoire et de son environnement religieux, on pourrait s’attendre à d’austères peintures, aux personnages roides, engoncés dans leur habit noir, aussi froids que la glace des canaux gelés.
Ce n’est pas forcément le cas. Bien sûr, Frans Hals a du se conformer aux canons de l’époque et aux demandes des commanditaires. Il est évident que, d’après leurs portraits, Lucas De Clercq et sa femme Feyna van Steenkiste ne doivent pas être très marrants, que Cornelia Claesdr. Vooght n’a pas l’air commode et qu’avec les régentes de l’hospice des vieillards, cela ne devait pas rigoler tous les jours.
Mais par ailleurs, Hals s’est visiblement plu, malgré les exigences du genre et la nécessaire décence de son milieu, à croquer des portraits emplis d’une malice retenue : un sourire esquissé, une moustache retroussée, une bouche féminine entr’ouverte sensuelle (bon ça va, cela reste très sage – on est loin de son contemporain Rubens et ses femmes généreuses en tout), une attitude quelque peu désinvolte, quand ce n’est pas tout bonnement un rire éclatant, des visages rougis ou une trogne grimaçante. Les œuvres de la vieillesse ont en revanche un caractère plus sombre voire monochrome.
Frans Hals – Les régentes de l’hospice des vieillards
On regrette seulement qu’il faille aller à Amsterdam ou La Haye pour admirer ses peintures majeures. Profitez donc des expositions pour aller admirer ces portraits, témoignages simples de la vie d’Haarlem. Pour reprendre un titre de Tzvetan Todorov (ça c’est pour me la jouer, mais bon honnêtement, c’est un bouquin facile à lire et très intéressant), un véritable éloge du quotidien.