" Ce fut ma première rencontre avec la peinture de Vincent, et je revois sans cesse cette scène, je me souviens de chaque détail. Ce n'était pas vraiment beau au sens où l'on entendait la beauté alors, mais ça allait le devenir. J'ignore où se trouve ce tableau aujourd'hui, en Amérique probablement, peu importe, il est dans ma tête et éclaire chaque jour de ma vie, je ferme les yeux, je le vois, et il brille avec autant d'éclat. Il est à moi, comme les autres. "
Nous l'avions déjà constaté avec La vie rêvée d'Ernesto G. (Ed. Albin Michel, 2013 ) focalisé sur Che Guevara, Jean-Mikchel Guenassia aime approcher les personnages mythiques , offrir à ses lecteurs un éclairage ... innovant.
Il s'attaque, en ce nouveau roman, aux dernières semaines de la vie de Vincent Van Gogh, son séjour fatal d'Auvers-sur-Oise, de mai à juillet 1890 - et à l'idylle qui le lie à Marguerite Gachet, une jeune fille de 19 ans, fille du célèbre médecin, ami des impressionnistes, dont il est le patient.
Sorte de journal rédigé de la plume de Marguerite, quelque soixante ans après les faits, le récit met à mal la réputation du docteur Gachet : ce dernier apparaît sous un jour vil et incompétent. Peintre lui-même, il se fait offrir nombre toiles par ses patients artistes, en échange de ses prestations médicales. Il se constitue ainsi une collection importante ... dont il a peut-être fait copie lui-même ou par le biais de sa fille... Le soupçon d'imposture est posé , le scandale a déjà fait couler bien de l'encre.
Étayé de coupures de presse d'époque et d'extraits de lettres des frères Van Gogh - nous découvrons que Vincent Van Gogh était un prolixe épistolier - le roman offre un regard très engageant sur la production picturale effrénée du célèbre peintre, en son dernier séjour: 75 toiles en 70 jours
La thèse du suicide de l'artiste est réfutée avec force conviction…..
L'approche est, pour le moins, séduisante
Apolline Elter
La valse des arbres et du ciel, Jean-Michel Guenassia, roman, Ed; Albin Michel, août 2016, 300 pp