Comme des bêtes, la dernière animation du studio créateur des Minions, réalisé par Yarrow Cheney et Chris Renaud, trouve sa place dans une longue tradition de films anthropomorphiques mettant principalement en scène des chiens, le meilleur ami de l’homme, et souvent destiné à combler les plages horaires de l’après-midi sur les chaînes hertziennes, quand elles l’étaient encore, à l’exception notable de quelques classique du grand écran, à l’image de la saga Beethoven ou de L’incroyable voyage. A cela près que l’animation apporte au projet une fluidité et une touche de fraîcheur qui n’est pas sans rappeler Zootopie, construit davantage comme une dystopie qu’un récit d’amitié homme/animal.
Max (Louis C.K./Philippe Lacheau) vit avec sa maîtresse dans un quartier populaire de New-York. Il voit sa vie chamboulé lorsque celle-ci le force à cohabiter avec Duke, un chien de la rue (Eric Stonestreet que l’on a vu dans American Horror Story/François Damiens que l’on a vu dans La famille Bélier, Le tout nouveau testament, Des nouvelles de la planète Mars et Ils sont partout).
La première partie de Comme des bêtes, fondée principalement sur la vie de nos congénères en appartement, dont le tout début les laisse muets et nous place comme spectateurs de ce que nous ne verrons jamais, est à la fois hilarante par sa véracité et efficace par sa simplicité. Ainsi déambule toute une galerie d’animaux de compagnie aux comportements aussi loufoques que probants, rappelant aux heureux propriétaires, les déboires qu’ils ont pu leur occasionner de retour du travail. C’est qu’elles vivent en notre absence, ces bêtes-là. Malgré les tentations anthropomorphes, les traits de caractères les plus probants sont conservés à chaque espèce et ravissent par leur côté attendrissant. Chiens, chats, oiseaux et rongeurs se réunissent pour discuter et même parfois faire la fête. Lorsque le chat n’est pas là, les souris dansent. Mais voilà, que métaphores des humains occidentaux eux-mêmes, ces animaux de compagnie, lovés dans leur confort ont perdu de vue les conditions de vie des plus faibles. C’est ainsi que, forcé à quitter le confort de leurs chaumières, ils vont être brutalement mis au parfum des réalités urbaines.
Dans une épopée rocambolesque, ils vont se retrouver nez à nez, avec l’arbitraire d’abord, incarné par la fourrière, puis sur l’altérité provoquant le rejet, la peur et des angoisses certaines. Cette altérité se matérialise dans une troupe de NAC, des nouveaux animaux de compagnies, immigrés et rejetés par ceux-là même qui les ont fait venir. Après de nombreux rebondissement dû à une incompréhension réciproque, les deux camps, obligés de faire cause commune, vont découvrir que leurs différences sont moins importantes qu’il n’y paraît. Si, à l’image des Minions, la morale du récit est certainement que l’on est plus à l’aise en rentrant dans le rang, avec un lien de subordination, le lapin révolutionnaire faisant son mea-culpa, ce trait de la narration qui nous avait hérissé dans la précédente production d’Illumination Entertainment, est moins prégnant. Mieux, Comme des bêtes intègre néanmoins une dimension de protestation contre le racisme imbécile (comme s’il pouvait être défini autrement) et dénonce, à travers sa description des égouts new-yorkais, l’engouement irresponsable pour les NAC par des personnes incapable de s’en occuper et le trafic qu’il engendre.
Comme des bêtes, comme des humains, dira-t-on, anime un bestiaire agréable et attachant dont l’aventure est un prétexte au rire et à l’adrénaline autant qu’à le réflexion. Comme des bêtes, après Ma vie de chat, est une seconde bonne surprise dans le domaine du cinéma animalier cette année.
Boeringer Rémy
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