Celeste Ng – Tout ce qu’on ne s’est jamais dit

Par Yvantilleuil

« Tout ce qu’on ne s’est jamais dit » se déroule dans un bled de l’Ohio, aux Etats-Unis et démarre avec la découverte du corps de Lydia Lee, seize ans, retrouvée noyée au fond du lac qui borde la maison familiale.

Si tout porte à croire que Celeste Ng va ensuite dérouler une enquête policière visant à découvrir l’origine de ce drame, l’auteur d’origine hongkongaise a cependant de toutes autres intentions pour ce premier roman qui s’inspire de son histoire personnelle. Si l’autopsie du cadavre a bel et bien lieu, c’est l’intimité de la famille Lee qui va cependant être scrutée jusque dans les moindres détails car derrière cette famille à l’apparence si parfaite se cache en vérité une réalité finalement beaucoup moins rose…

Au fil d’allers-retours maîtrisés entre passé et présent, le lecteur découvre la psychologie des différents membres de cette famille, ainsi que leurs frustrations, leurs douleurs et leurs rancœurs. En tant que fils d’immigrés chinois, James Lee, le père, a lutté toute sa vie pour tenter de s’intégrer dans cette Amérique raciste. Sa femme, Marilyn Walker, rêvait de devenir médecin dans un monde sexiste où la place de la femme est au foyer. Tous les deux transfèrent leurs rêves (et leurs frustrations) d’intégration et de réussite sociale sur leurs trois enfants et en particulier sur Lydia, qui aura du mal à garder la tête hors de l’eau avec ce poids immense sur ses épaules. Au fil des pages, le lecteur assiste donc à l’éclatement de cette famille modèle et à l’étouffement progressif des trois enfants…

Bien loin d’un thriller classique, ce roman propose une analyse psychologique détaillée et maîtrisée d’une famille américaine aux yeux bridés et aux rêves brisés dans une Amérique sexiste et blanche…