Le documentaire tourné en Gironde et en Charente, révèle qu'à proximité des vignes ou travaillant dans le milieu agricole, des ruraux auraient été touchés par l'usage des pesticides dans leur environnement immédiat.
Beaucoup d'entre eux ont perdu un enfant, un père, un patient, touchés subitement par un cancer alors que rien ne les prédisposait à être malades... Pourquoi ces ruraux, en Gironde ou en Charente, situés à proximité des vignes ou des milieux agricoles, sont-ils décédés ? Pourquoi les riverains de Birac, une petite commune charentaise, développent-ils un nombre surprenant de cancers des ganglions ? Pourquoi les enfants du village de Preignac en Gironde sont-ils plus touchés par les leucémies ?
Les produits phytosanitaires sont pointés du doigt. Oui, il existe bien un empoisonnement aux pesticides ! Leur toxicité est prouvée depuis des années, mais ils sont toujours utilisés.
"On accepte plus l'omerta ! On va arrêter de laisser les cercueils s'entasser ! Les gens veulent une agriculture saine, respectueuse de l'environnement, et respectueuse des paysans. Et ça, il va bien falloir que les institutions viticoles à Bordeaux l'entendent. Méfiez-vous, le scandale sanitaire est en route !" explique ainsi Valérie Murat, fille de viticulteur qui a déclaré la guerre aux pesticides suite à la mort de son père en 2012. "Mon père est mort d'avoir épandu de l'arsénite de sodium sur ses pieds de vigne, quatre jours par an, pendant quarante-deux ans. Le produit qui a tué mon père était interdit en Grande-Bretagne depuis 1961 ! Il n'a été retiré chez nous qu'en 2001, l'État continuant de l'homologuer. Quand mon père a appris sa maladie, il a commencé par ne pas faire le lien. Puis il a culpabilisé... avant de lutter. Je lui ai fait la promesse de poursuivre le combat, pour lui et tous les autres."
Dans le reportage, on découvre également le témoignage poignant de Didier Sardin et de sa femme Madeleine qui ont perdu leur fils, Stéphane, décédé d'un cancer des testicules foudroyant. Il avait 28 ans. "A cet âge là, on a l'avenir devant soi. On ne peut pas accepter ça. Les futures générations elles vont hériter de quoi ? Il n'y pas que l'argent qui compte" expliquent-ils. La mort de leur fils, ils en sont persuadés, est dûe aux pesticides. Stéphane était mécanicien agricole et était en contact régulièrement avec de nombreux produits phytosanitaires. Ses parents se battent aujourd'hui auprès des services de la sécurité sociale pour faire reconnaître la maladie de leur fils comme maladie professionnelle. A titre posthume, l'acte est symbolique.
Pascale, dont le fils de 5 ans a été touché par une leucémie, témoigne aussi. Elle se bat pour faire interdire les épandages de pesticides près de l'école de son village, Preignac (Gironde), qui compte de nombreux enfants malades. "Je ne suis une des seules à oser parler dans le coin du problème des pesticides. On me fuit, on me prend pour une "fouteuse de merde"" raconte-t-elle. Le problème ? s'attaquer aux pesticides, c'est aussi s'attaquer à la richesse de régions comme la Gironde et la Charente où le raisin est un poumon économique. Les grands propriétaires viticoles comme Vuitton, Peugeot, Axa, emploient chaque année des milliers d'ouvriers qui vivent de la vigne.
L'enquête de France 5 présente également l'histoire de Jean-Christophe Richard, qui, avant de produire du lait bio, a commercialisé pendant des années des pesticides auprès des agriculteurs. Un matin, il est tombé dans le coma. Les médecins lui ont décelé un lymphome. Il alors fait le lien entre sa maladie et les produits qu'il vendait, a quitté son métier et a monté sa ferme bio. "J'ai vendu du poison sans le savoir" explique-t-il. "Ca c'était l'agriculture du siècle dernier. On a plein de choses à découvrir en agriculture bio aujourd'hui."
Aujourd'hui, tous ces gens et ces familles dénoncent le silence des autorités et tentent d'alerter l'opinion publique. Aude Rouaux, la réalisatrice de "Pesticides, le poison de la terre" les a suivis pendant près d'un an. Elle nous livre dans cet excellent documentaire des témoignages forts et pudiques, mais aussi une enquête glaçante sur ce qui est encore, en 2016, un tabou dans le monde agricole.
Un reportage à voir absolument en replay sur le site http://www.france5.fr/emissions/le-monde-en-face.
ME