Le livre :
Les moutons ont-ils des canines ? De Serge Dussex et Sandra Heyn aux de Baudelaire, 402 pages, 22 € 00. Publié le 30 septembre 2015.
Pourquoi cette lecture :
Il s'agit d'un partenariat avec les éditions Baudelaire.
Le pitch :
- Ce que tu dis n'est pas vrai. Je ne suis pas celle que tu viens de décrire, tente faiblement Claire. - Tu vois, chaque fois que tu parles, c'est pour manipuler. La preuve juste maintenant, à l'instant. Pour te défendre, tu embobines les autres. Etrange tout de même que toi seule l'ignores, tu ne trouves pas ? Qu'as-tu à dire à cela ? Un autre mythe ? Fais attention à ce que tu dis, tu ne mesures pas tes mots et chaque parole supplémentaire t'enfonce davantage.
- Je ne suis pas d'accord. - Tu es toxique, Claire. Tu es inconsciente et toxique. Tu abîmes les gens sans même t'en rendre compte, tu as empoisonné Carla et tu le nies. Tais-toi. - Je ne suis pas d'accord, tente encore de dire Claire.
Ce que j'en pense :
Premier roman écrit à quatre mains, ce n'est déjà pas choisir la solution de facilité à mon sens. Cependant je dois dire que sur la forme, il n'y a eu aucun problème particulier à relever. C'est bien écrit et fluide. Après, il y a la thématique et le fond de manière plus générale.
On le sait, l'être humain est souvent considéré comme un simple rouage interchangeable d'un système mondialisé, qui se doit d'être rentable, ultra productif. Claire et René sont eux aussi des pions de ce "jeu", mais ils sont aussi un couple, une entité qui peut aux yeux de leurs employeurs poser plus de problèmes qu'être un atout. L'un d'eux va devenir un bourreau téléguidé et l'autre sera la victime. Ce livre est une satire de l'univers de l'entreprise (la grande, voir très grande), de cette société qui ne voit que les chiffres, les dividendes, les profits, la rentabilité... C'est noir, dur, malsain et c'est voulu. J'avoue m'être sentie plus d'une fois mal. Je sais que c'est dû à la qualité d'écriture (très bonne) car c'est difficile de faire ressentir au lecteur de telles sensations, mais justement je n'ai pas aimé. Disons que je n'ai pas aimé me sentir ainsi, c'est diffèrent.
Et puis il y a cette enfant, Safia qui souffre dans sa chair... Une autre violence...
D'autres ouvrages devraient suivre et compléter cette œuvre en construction.
Et s'il fallait mettre une note : 13 / 20