Fils du feu, de Guy Boley

Pour l’enfant, les bruits et les coups rythmés de la forge font de son père et de Jacky des héros proches des dieux ou des grands conquérants. Pour l’écrivain, ces bruits et ces coups donnent le rythme de la phrase, du paragraphe, du texte. Et la vie du village, à l’instar de ces battements, a quelque chose de répétitif : la lessive, les trains, la voisine qui attend toujours son fils mort, le voisin qui sent l’Aqua Velva… Importance des draps, ceux où l’on dort, celui sur lequel on projette les images du catéchisme, ceux qu’on change même pour l’absent, toile tendue d’un tableau que l’auteur porte en lui, où il cherche la source de lumière, les éclats que la masse projette de l’enclume. Mais on ne peut pas tout révéler chronologiquement : il faut une seconde partie pour voir venir la violence et la folie qui vont emporter cette famille en même temps que le monde va changer, en même temps que le travail manuel de la forge sera abandonné au profit d’objets fabriqués par des machines, à l’emporte-pièce… Quelles images garder de l’enfance ?