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La succession de Jean-Paul Dubois, suée de saison

Publié le 07 septembre 2016 par Nicole Giroud @NicoleGiroud

La succession de Jean-Paul Dubois, suée de saisonEt voilà, cela recommence, la ronde des romans et des invités sur les chaînes du service public, radio comprise.

Il y a deux jours, Patrick Cohen recevait dans son émission matinale l'écrivain Jean-Paul Dubois pour son roman La succession. L'entretien fut surréaliste, l'auteur affichant une nonchalance sympathique et étudiée. Le journaliste signale que l'auteur invité a été grand reporter au Nouvel Observateur, puis entend sans doute enchaîner le ronron de saison. Las ! Il aurait dû se renseigner. L'auteur avoue ne jamais lire, ajoutant qu'il préfère suer : " Je lirai quand lire fera suer " ou quelque chose d'approchant. Déstabilisation. Et les journaux ? Pareil. Cela ne fait pas suer, donc il ne les lit pas. Son employeur appréciera.

On a compris que la lecture sous tous ses aspects n'est pas la tasse de thé de l'écrivain. La littérature non plus, d'ailleurs, il préfère le cinéma. Mais alors, pourquoi écrit-il, sinon pour être lu ? On dirait un boucher végétarien.

Les raisons sont triviales : écrire - vite, si possible - est un moyen facile de gagner sa vie. Il faudra en parler aux milliers d'auteurs qui triment pour être édités sans même oser penser gagner leur vie avec ce qui leur est aussi nécessaire que l'eau.

" Je suis venu à l'écriture, car c'est le moyen de gagner sa vie le moins douloureusement possible. " Ah bon. Être grand reporter dans un grand journal a peut-être aidé, non ?

Certes, Jean-Paul Dubois écrit bien, ce qui ne semble pas être original pour un écrivain. Côté imagination, il ne se sort pas les tripes, donnant le prénom de Paul et d'Anna plus que régulièrement à ses héros, racontant les mêmes choses d'un roman à l'autre, reprenant parfois même des éléments de ses articles écrits pour le Nouvel Observateur. Copié-collé avec un peu de dentelle humoristique autour. Le phénomène n'est pas nouveau mais il peut expliquer en partie pourquoi il suffit d'un mois à l'auteur pour torcher un roman.

La tondeuse à gazon, le dentiste, la voiture. Ah, la voiture... ce personnage si rassurant, si archétypal, si masculin. Est-ce la raison pour laquelle le fan club masculin est si important ?

Jean-Paul Dubois me semble très représentatif de notre époque et de ses aspirations : vivre le mieux possible en travaillant le moins possible, replié sur son ego, ses obsessions, ses récurrences.

Patrick Cohen, avec un brin d'irritation dans la voix, a conclu l'interview en disant : " La prochaine fois on vous invitera pour parler de films ". C'est comme si la littérature était passée à la trappe.

Le nouveau roman de Jean-Paul Dubois s'appelle La succession, il est publié aux éditions de l'Olivier. Le héros s'appelle Paul, bien sûr. Une " histoire bouleversante où l'évocation nostalgique du bonheur se mêle à la tristesse de la perte. On y retrouve intacts son élégance, son goût pour l'absurde et la liste de ses obsessions " écrit l'éditeur.

Vous me direz si c'est mensonger, parce que moi, je ne vais pas lire ce roman. Cela me ferait suer.


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