De la démocratie en Union européenne

Publié le 19 juin 2008 par Edgar @edgarpoe
Pour nombre de partisans de l'Europe, le Parlement est le refuge de tous les espoirs.

En effet, depuis 1957 l'Union européenne souffre d'un unanimement reconnu déficit de démocratie (comme une fille qui serait un peu enceinte, l'Union européenne est donc un peu une dictature).

Le Parlement européen est la clé d'une opération de démocratisation de l'Union, attendue donc depuis 50 ans. Dans le Traité de Lisbonne, le Parlement européen grattait deux ou trois compétences, qui figuraient l'alouette de démocratie nécessaire à faire passer le cheval de compétences arrachées aux états par la Commission.

Nous sommes donc conviés à voter comme un seul homme en 2009, aux élections européennes, pour faire avancer la démocratie en Europe. Par la même occasion, nombre de "ouistes de gauche" (assumant leur schizophrénie) s'exclament qu'il s'agit là d'une occasion unique de faire progresser la gauche en Europe. Bientôt le Parlement européen pourra donc revenir sur les 65 heures hebdo ?

Il est permis d'en douter. D'une part, le Parlement n'a aucune initiative en matière de législation communautaire, celle-ci appartient aux lobbyes industriels et financiers services de la Commission.

D'autre part, la notion même de gauche européenne est à jeter à la poubelle, spécialement depuis hier. Comme l'écrit la CIMADE : "Le Parlement européen, en adoptant, sans y ajouter le moindre amendement, le texte de la « directive retour » négocié par les ministres de l’Intérieur et de l’Immigration des 27 Etats membres, a perdu une grande part de sa crédibilité quant à sa capacité à tenir son rôle d’instance démocratique chargée notamment de la protection des citoyens en Europe."

Cette directive miteuse valide le fait que l'on puisse garder en rétention administrative, sans jugement, des étrangers pendant 18 mois. Certes, la France n'est pas concernée aujourd'hui. Mais demain, si la CJCE et/ou le CEDH confirment cette position, et qu'un Sarkozy plaide l'alignement sur ce qui se fait en Europe (Madame Chabot, c'est quand même incroyable que dans ce pays on ne puisse pas faire ce que font tous les pays européens, hein ?)

Bref, l'Europe, loin de nous élever ou de nous rendre plus forts, nous tire vers le bas. Ah, j'oubliais, et la gauche européenne, celle qui nous sauvera en servant de levier au progressisme en Europe ? Ben, les partis socialistes allemand et espagnols ont voté pour
les 18 mois, le Labour s'est abstenu. Donc même les plus engagés dans l'affaire européenne, les braves parlementaires qui sont l'avancée de la démocratie en Europe, votent avec des réflexes nationaux au Parlement européen. Et la gauche européenne est ainsi très à droite.

Plusieurs conclusions : en 2009, ne pas voter pour les listes européennes du PS puisqu'elles serviront à gonfler les effectifs du Parti Socialiste Européen, majoritairement à droite, et accessoirement souhaiter la fin de l'Union européenne. On a à peu près autant de chances de créer une conscience européenne que n'en avait l'URSS de faire arriver le socialisme dans un seul pays.

Finissons-en avec cette pénible mascarade.