Quatrième de couverture :
En cette fin des années 1950, pour les Stites, riche famille américaine qui règne sur une immense plantation, Cuba ressemble au paradis ! Aveugles à la misère, ils s’enrichissent sans scrupules. Quand les frères Castro lancent la guérilla et que leur plantation est incendiée, ils ont une certitude : le monde ancien s’écroule et l’heure des choix est arrivée.
Rachel Kushner vit à Los Angeles. Télex de Cuba est son premier roman. Il a été finaliste du National Book Award et élu meilleur livre de l’année par le New York Times.
Le temps de 474 pages, Rachel Kushner nous emmène à Cuba, de 1952 à la fin de la décennie, jusqu’à la chute du président Batista et l’avènement de la « Revolucion » de Fidel et Raul Castro.
Cuba dont la majorité des ressources est alors contrôlée et exploitée par les Américains, des expatriés qui emploient des ouvriers cubains et haïtiens dans les champs de canne à sucre ou les mines de nickel, des domestiques dans leurs belles villas et leurs clubs, tandis que les autochtones croupissent dans des cases écrasées de soleil et de pluie tropicale. Même parmi les expatriés, une hiérarchie s’impose, entre les cadres de l’usine de nickel à Nicaro et ceux de la United Fruit (qui exploite la canne à sucre) à Preston.
Le temps de 474 pages, nous suivons tour à tour les points de vue de nombreux personnages : K.C. Stites, le fils du directeur de la United (dont le frère va rejoindre les rebelles dans les montagnes), sa mère qui se pose en mondaine et en dame patronnesse à la fois, Everly Lederer, garçon manqué qui débarque à Nicaro à l’âge de huit ans, avec une famille désespérément en quête d’aisance et de reconnaissance sociale, Charmaine Mackey et Blythe Carrington, qui trompent l’ennui et la neurasthénie comme elles peuvent, ou encore Maurel, sorte de mercenaire français, trafiquant d’armes amoureux d’une danseuse zazoue.
A travers eux, c’est toute l’histoire du colonialisme américain que l’on entrevoit, leur racisme, la corruption des dirigeants cubains et la révolution pittoresque et généreuse que Fidel Castro veut faire vivre à son pays (le roman ne parle pas de l’évolution de son pouvoir, ce n’est pas le sujet). Et même s’ils ne sont pas tous très sympathiques, on ne peut s’empêcher de les trouver touchants, ces personnages, attachants même quand ce sont de jeunes adolescents (K.C. et Everly) qui racontent leur vision de Cuba. Cuba la langoureuse, Cuba la fascinante, Cuba la flamboyante, véritable héroïne du roman, qui aura façonné l’enfance et la vie de ces Américains jusque dans leur retour forcé aux Etats-Unis, que certains vivront comme le véritable exil.
Le temps de 474 pages à savourer, pour un premier roman riche, croustillant, bien documenté (mais pas didactique du tout) et bien mené. Une très belle découverte.
Rachel KUSHNER, Télex de Cuba, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony, Le Cherche-Midi, 2012 et Points, 2013
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