[Critique DVD] Le Soldat Laforêt, la grande vadrouille en vacances

Publié le 06 septembre 2016 par Linfotoutcourt

Dans la grande Histoire du cinéma s'y dissimule de plus petites, à l'abri des regards populaires. Le Soldat Laforêt est un film que petits et grands ont oublié au profit d'œuvres plus identifiables, comme La Grande Vadrouille. Pourtant, l'unique film de Guy Cavagnac rit lui aussi du même contexte difficile : en pleine Seconde Guerre Mondiale, un soldat perd son régiment et navigue au gré des rencontres. Enfin ça, c'est pour le point de départ.

Le récit ne tarde pas à bifurquer vers une sorte d'Alice aux pays des merveilles soixantuitarde. Chaque rencontre incarne une figure de l'époque, du mariage difficile à la fille nue guitare à la main. Forcément désuet, Le Soldat Laforêt parvient pourtant à charmer grâce à une nonchalance délectable. Son absence de prétention rend la ballade agréable à vivre, même lorsque la gravité s'invite au détour d'un mari cocu.

L'interprétation générale est au diapason : légère comme un pinson et amusée de la cocasserie de chaque situation. Alors bien sûr, ce long-métrage ne révolutionnera pas le cinéma. Il manque parfois de substance et s'arrête avant même d'avoir creusé la moelle épinière de chaque échange. Mais il n'est déplaisant de faire des redécouvertes aussi sympathiques à vivre.

Le Soldat Laforêt sort le 07 septembre 2016 en DVD.

Pour aller + loin

Avis

Pour sûr, l'état de la copie qui nous est ici présentée ne provoquera pas l'émerveillement dont nombre de ressorties bénéficient. Il faut signaler avant toute chose son origine : offerte par le réalisateur lui-même à la Cinémathèque de Toulouse, Le Soldat Laforêt nous apparaît sous la bienveillance du dit établissement et de travail toujours acharné et passionné de l'éditeur Carlotta. Entrevu sous cette perspective, et connaissant la rareté de l'objet, on peut dire que se présente à nos yeux un transfert efficace, avec des couleurs saillantes et une définition plutôt solide. Même les nombreux défauts de la pellicule contribuent au charme de l'ensemble, à une époque où l'image devient uniformément lavée de tout soupçon.

La piste sonore en 2.0 présente les mêmes avantages et inconvénients, avec toutefois un peu de souffle crachotant sa fatigue quelque fois. Rien qui ne nous empêche d'apprécier tranquillement le film.

En ouverture des bonus se trouve un module intitulé "Retrouvailles". Le titre n'est pas mensonger puisqu'on y redécouvre le réalisateur et son actrice principale, Catherine Rouvel. Presque 36 ans après la conception du film, les deux se remémorent les moments forts du tournage, pour un échange touchant et plein d'informations.

Dans une mécanique de presque introduction au film, Christophe Gauthier, directeur de la Cinémathèque de Toulouse, explique l'origine de la redécouverte de ce film. Il détaille également ce qui fait de Le Soldat Laforêt une œuvre singulière mais "intemporelle", selon ses propres dires.
Le troisième module est affaire de retrouvailles également. Cette fois-ci, c'est le monteur et le scénariste qui se retrouvent pour partager leur souvenirs. Toujours aussi intéressant.

Bonus de plus en plus courant semble t-il (c'est le troisième DVD en une semaine qui impose pareil cadeau), un court-métrage du réalisateur nous est offert en guise de dernière sucrerie. L'auteur de ces lignes ne cessera de rappeler l'utilité d'un pareil supplément, surtout quand on sait la difficulté de le visionner aisément.