Lundi soir 16 juin, à l’issue du match France-Italie, le sélectionneur national de l’équipe de France de foot-ball répondait aux questions. Il a profité de la présence des micros et des télévisions pour adresser à sa belle une demande en mariage.
Spectacle désolant. Considérons un autre sport qui soulève la passion populaire, le tennis. A l’exception de la Coupe Davis, où s’affrontent des équipes nationales, et peut-être même à Roland-Garros, siège des Internationaux de France, où notre pays est la puissance invitante, les joueurs qui se mesurent sont des individus qui ne représentent en fait qu’eux-mêmes, avec les prix et les gains correspondants. Que dans ces conditions ils puissent utiliser l’estrade qui leur est accordée à des fins autres que sportives est simplement une faute de goût.
Mais il en va tout autrement pour le foot-ball qui est avant tout un sport d'équipe et où le lien avec des instances fédérales nationales est beaucoup plus fort. Les joueurs perçoivent des salaires princiers grâce à des budgets financés par les droits de télévision et par les recettes des clubs, c'est-à-dire le produit de la vente de joueurs et celui de la billeterie, alimentée par les spectateurs. Les supporters souhaitent donc voir leur équipe gagner et sont légitimement déçus en cas de défaite. Le sélectionneur n’est pas sur le terrain et ne peut gagner seul. Mais c’est lui qui a choisi les joueurs, avec, comme ll s'en est vanté, des choix pas nécessairement objectifs, qui les a entraînés et qui a fixé les tactiques. Il est donc de la dernière indécence, après une élimination de l’Euro 2008, de livrer comme tout commentaire : j’ai besoin d’être consolé par ma famille, Estelle, épouse-moi.
Même si je lui sohaite beaucoup de bonheur, je me soucie comme d’une guigne d’Estelle, tout comme les aventures amoureuses de Cécilia ou de Carla m’ont laissé de glace. On ne m’empêchera pas de croire que la pratique présidentielle, avec sa confusion entre vie privée et vie publique devenue outil politique, a pu entraîner Domenech à commettre ce dérapage. Le premier personnage de l’Etat doit jouer un rôle d’exemple. On ne pourra pas en la circonstance lui reproché d’avoir failli à ce devoir. Le seul souci c’est que, ce qui est attendu, c’est le bon exemple.
Paraphrasant ce bon vieux La Fontaine, je conclurai ce billet en disant : « Amour, Amour, quand tu nous tiens, on peut bien dire : adieu décence ».