De nombreuses équipes s’inspirent des » prouesses » de la nature pour développer des dispositifs ou des médicaments intelligents. On se souvient du gecko qui fascine pour sa capacité toute particulière de pouvoir adhérer aux surfaces humides. Il s’agit alors de tenter de reproduire son mécanisme d’adhérence dans les dispositifs de pansement, car cette adhérence est toujours effective, même en milieu humide…On peut citer aussi les escargots de mer (Conus regius) qui abritent un » concentré » de composés aux propriétés thérapeutiques encore inexploitées ou encore les » mambalgines « , ces protéines du serpent mamba noir, capables de bloquer la douleur de manière aussi efficace que la morphine mais avec moins d’effets secondaires. Ou, enfin, les toxines d’araignées qui pourraient être utilisées à bon escient comme des molécules thérapeutiques, analgésiques voire…insecticides.
Ces scientifiques thaïlandais se sont tournés vers le crocodile déjà populaire en médecine holistique : les comprimés de sang de crocodile sont monnaie courante dans de nombreux pays d’Asie, et considérés comme une panacée pour de nombreuses maladies et affections. Cette étude confirme que le sang de crocodile est un excellent agent antimicrobien, un antioxydant extrêmement puissant et enfin un anti-inflammatoire efficace.
Pourquoi ? Comment ? Le plasma et le sérum de crocodile favorisent la production et la diffusion de HaCaT, une lignée de cellules kératinocytes humaines qui joue un rôle central dans la cicatrisation des plaies et dans la prévention des infections. Ici, l’équipe de recherche démontre sur des souris modèles de plaies infectées par le Staphylococcus aureus, qu’en seulement quelques jours, le sang de crocodile permet de favoriser la cicatrisation et d’éloigner l’infection.
Des propriétés antimicrobiennes documentées et prometteuses : de précédentes équipes thaïlandaises avaient déjà testé et confirmé les propriétés antimicrobiennes du sang de crocodile. Toujours en s’inspirant d’un mécanisme naturel : les crocodiles sont en effet sujets à des blessures fréquentes dues à des combats incessants et disposent d’un » système de complément » ou de protéines spécifiques qui les aident à lutter contre les bactéries, les champignons et les virus. Certains scientifiques pensent même que le sang de crocodile pourrait être prometteur dans la lutte contre le VIH…
Dans les tout prochains mois, l’équipe de l’Université Khon Kaen sera en mesure de faire la synthèse des composés du sang de crocodile, prometteurs pour créer une série de médicaments et de dispositifs efficaces dans la gestion des soins de plaies.
Sources :
Journal of Microbiology and Biotechnology 2016 Jun 28 doi: 10.4014/jmb.1601.01054 In Vitro and in Vivo Wound Healing Properties of Plasma and Serum from Crocodylus siamensis Blood
European Journal of Cell Biology 2007 doi:10.1016/j.ejcb.2007.03.008 Procathepsin D secreted by HaCaT keratinocyte cells – a novel regulator of keratinocyte growth
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