Hollande a perdu un millionnaire. On a presque oublié qu'il avait lâché cette mesure improbable et décisive à la fois en fin de campagne de 2012, taxer à 75% la tranche de revenus supérieure à 1 million. A l'époque, l'ennemi était la finance. Une formule de campagne que des électeurs, présents à ce fameux meeting du Bourget, ont applaudi.
Macron, sa créature, l'autre candidat des riches, vient de partir.
La trahison
Macron 2016 singe Sarkozy 2006.
Mardi 30 août 2016, Emmanuel Macron démissionne du ministère de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique. Quelques supporteurs sincères de Hollande osent croire que c'est pour soutenir leur mentor.
On se rassure comme on peut. Une quarantaine de parlementaires socialistes, emmenés par le social-lib François Patriat, l'auraient déjà "rejoint." L'intox communicative est rapide. Le commentaire de Hollande est pourtant sans appel: "Macron m'a trahi avec méthode". Et le même Hollande pourrait annoncer sa candidature dès la semaine prochaine.
A Bercy, quelques minutes avant de débarrasser les lieux, Macron énonce un à un ses ministères qu'il abandonne. Il rend hommage, sans bégayer, aux "agents" de ces administrations. Sa déclaration devant la presse est rapidement raillée. Elle vaut le détour. L'aveu à mot couvert d'une trahison somme toute assez banale sera finalement rapidement oublié.
Macron invoque "nos valeurs" qui l'auraient poussé à quitter l'équipe en dérive de Matignon. Quelles valeurs ? Macron n'ose expliquer qu'il devrait se tourner vers les primaires de la droite. Ces dernières sont pourtant très ouvertes. Reconnaissons que l'homme ferait du bien à une droite perdue dans les outrances fascisantes que lui inspire son extrême. Macron est libéral, y compris en matière de liberté publiques et de droits de l'homme.
Depuis 6 ans, Macron était déjà dans les coulisses de cette épopée hollandaise. Prôner la rupture contre son propre camp, cela ne vous rappelle-t-il rien ? Macron écrivait des notes, il expliquait des raisonnements et des processus.
Pour le plus grand plaisir du candidat Hollande, bientôt président.
Macron est la créature d'une trahison.
Il incarne à la perfection son rôle symbolique.
La couleur de l'argent
Son passage à la banque l'a rendu millionnaire, malgré ses troubles mémoriels ultérieurs qui l'ont convaincus, quelques années plus tard, de négocier avec le fisc qu'il ne "méritait" pas l'ISF. On peut s'interroger sur le sens républicain d'un jeune homme qui profite si vite - 4 ans après sa sortie de l'ENA - de l'un des meilleurs diplômes de la Nation pour pantoufler déjà dans les milieux les plus éloignés de l'effort républicain.
Macron, lui, ne s'interroge pas.
Il construit son réseau.
Bling Bling
Macron 2016 singe Sarkozy 2006.
Macron croit en son destin. Son narcissisme rejoint celui de son mentor, Sarkozy. C'est presque touchant. Assez ridicule aussi.
"Il y a, me concernant, des choses que beaucoup savent déjà." Emmanuel MacronAvec 10 ans de retard, il s'exhibe avec son épouse dans la presse people tout en s'excusant de ces maladresses marketing. On le voit à la plage, dans la campagne, au milieu de la foule ou en couple. Macron théâtralise son entrée en politique avec le même cynisme abject et caricatural que l'ancien monarque.
S'il hésite à intégrer le cabinet Fillon, Macron est rapporteur d'une commission Attali qui, pour le compte de Nicolas Sarkozy en 2008, déroule un programme de libéralisation si prisés par les neuneux des beaux quartiers. En mai dernier, Attali résume en une phrase ce que nous pouvions penser du bonhomme:
La sentence est dure. Car Macron a une colonne vertébrale, une ligne de front idéologique assez claire."Macron n’incarne que le vide." Jacques Attali.
Candidat de classe
Macron est devenu très tôt la créature politique de François Hollande: secrétaire général adjoint de l'Elysée, il parle beaucoup, il sourit souvent, il s'exprime devant les médias en Off ou en On . Son départ de l'Elysée, qui ne dure que 2 mois, lui permet de revenir au gouvernement. Il continue son travail de sape, il incarne le choc de compétitivité que Hollande veut imposer à la France. Macron est le jeune briseur de "tabous", plus agréable que Valls, plus propre que Sarko, plus jeune que Juppé. Macron est le gendre idéal d'une large presse libérale. Il voudrait libéraliser encore davantage le travail le dimanche, il n'aime pas qu'on décompte des heures supplémentaires passées 35 heures hebdomadaires, il apprécie Uber et ne comprend pas les taxis.
Dans la novlangue libérale, on qualifie de tabous, de blocages, et autres conservatismes tout ce qui dans le temps avait été construit pour protéger le travail contre le capital, l'entrepreneur contre la rente.
A peine sorti du ministère hollandais, le voici qui prône pour une plus grande autonomie des universités, et, surtout, davantage de sélections à l'université. Pourquoi donc vouloir transformer les facs en écoles sélectives ? Quel est le plan ? Quel est le constat ?
« Donc, la “politique autrement” pour les étudiants, c’est d’expérimenter… le programme de Sarkozy sur l’université ? » un conseiller de Najat Vallaud-Belkacem.Comme Sarkozy, Macron va faire des conférences rémunérées. Une prochaine est prévue à Londres devant des banquiers. Macron cherche de l'argent à Londres. Ce n'est pas la première fois. Il utilise sa notoriété acquise aux frais de l'Etat et grâce à son mentor François Hollande pour financer sa carrière. "Pas de fausse pudeur sur l'argent" explique-t-on dans son entourage. L'argent décomplexé, ça ne vous rappelle rien ?
On se souvient de Sarko. A quoi bon Macron ?
Macron court après son destin, qui ne mérite que les primaires de la droite entre Mariton et Sarko.
Ami(e) citoyen(ne), ne te méprends pas.
Macron 2016 singe Sarkozy 2006.