Autre roman sélectionné pour le mois de Juillet pour le Prix des lecteurs Livre de Poche. Marc Lavoine nous livre ici le récit de son enfance et se penche sur le personnage de son père, homme menteur, alcoolique, collectionnant les femmes mais malgré tout un père aimant. Un père adoré mais qui le décevait trop souvent.
Quatrième de couverture:
« Tu vivais dans un film italien, comme si la vie n’était pas suffisante, pas assez colorée, pas assez tout court. Tu évoquais l’Algérie, ta frustration de ne pas avoir fait médecine à cause de … la guerre, l’argent, la vie et ton mariage peut-être trop tôt. En fait , tu noyais tous ces regrets dans le sexe des femmes, comme pour apaiser les douleurs de ta mémoire, pour soigner l’homme blessé de l’intérieur. Les filles, c’était du sirop, une médecine d’urgence pour apaiser les maux de l’âme et du cœur. Ça pesait dans mon cartable, et je partageais ça avec mon frère, qui essayait de temporiser, évoquant les blessures de Lulu. Ça me calmait de façon passagère, mais ça ne changeait rien. »
Mon avis:
Ce livre court n’en est pas moins intense. Marc Lavoine fait découvrir sa plume par ce premier roman et je me dois de noter une qualité d’écriture et un style qui accroche le lecteur dès les premières pages.
Quand je pense à Marc Lavoine, je pense tout de suite au film « Le cœur des hommes ». Un film que j’adore et où le personnage de Marc Lavoine dans ce film ( homme collectionnant les femmes) m’a tout de suite fait penser à la description qu’il fait de son père. Le lien a-t-il été voulu où est-ce le fruit du hasard, je n’en sans rien mais j’ai noté ce lien qui je pense n’est pas anodin.
Dans ce roman, Marc Lavoine dépeint parfaitement le lien qui le lie à son père mais également à sa mère et sa position délicate entre les deux personnes qu’il aime mais qui pourtant se cachent tant de choses. Il ne veut pas ressembler à ce père qui lui impose ses fréquentations féminines, le met dans ses confidences, lui demande de l’amener au bar pour boire un verre de bon matin et qui passe son temps à mentir, encore et toujours, mais pourtant il l’aime tant et si bien qu’il veut le protéger.
Le roman commence avec les obsèques de son père et c’est comme si ce livre était un exutoire, une façon de dire ce qu’il avait sur le cœur depuis tant d’années sans oser en parler.
Marc Lavoine écrit bien, très bien même et même si au départ, le résumé de m’avait pas attirée plus que cela, j’ai été très agréablement surprise par cette lecture et j’ai découvert un portrait de Marc Lavoine que je ne connaissais pas. Un homme avec peu de confiance en lui, un homme respectueux et droit, un père de famille aimant et accroché à l’amour qu’il porte à sa famille.
Un très beau livre que je vous conseille.
Bonne lecture!
Petit extrait:
« Il fallait donc que je reste près d’elle sans trahir mon père, en priant que ça change, que les choses passent. Je me disais aussi que leur histoire avait commencé bien avant que j’existe. Je voyais ma mère mourir à petit feu d’un chagrin d’amour. Je la fermais, mais mes yeux avaient du mal à trouver le sommeil et mes rêves étaient moins naïfs. Je grandissais et je devais faire semblant avec ceux que j’aimais le plus au monde, mon père que je devais protéger de mon regard pour qu’il ne se sente pas trop coupable, pour ne pas lui renvoyer le reflet de ma déception ou de ma détresse, et ma mère que je devais convaincre de ne pas s’enfermer dans sa solitude, dans ce châle de tristesse qui parfois la recouvrait comme le linceul des amours perdues. »
« Quand on brise le cœur de quelqu’un, on en brise toujours plusieurs à la fois, c’est ça la vie, un magasin de porcelaine. »
« L’homme qui ment », Marc Lavoine, Fayard Janvier 2015, Livre de Poche Avril 2016, 209 pages.