Un prof, des élèves, du matériel et des travaux en cours. Tout ça, c’est un atelier. D’art plastique ou d’autre chose. Voyons celui de Christine Delbecq, artiste plasticienne, à la MJC des Bourroches, à Dijon.
Le prof, c’est elle. Mais peut-être le mot n’est-il pas approprié. Plutôt, animatrice, accompagnatrice, confidente, guide, amie, distributrice de conseils (d’une pro)… Et sur le ruban qui attacherait tous ces mots, qui les réunirait, serait inscrit « pédagogie ».
Assise parmi ses élèves, elle est plongée dans sa tablette, son téléphone. Mais aux aguets. Elle ne perd pas un millimètre de l’avancée du travail de chacun. Répond à l’appel de Marie. Se lève. Grimpe sur une table pour mieux voir (de haut) le travail de Dany.
Blague avec Nino. Lui propose un coup de main pour peindre l’un de ses éléments. Se rassoit. Lance une question, une idée, une phrase d’un livre qu’elle vient de lire… Amorce un débat entre les participants à propos d’une des œuvres en cours. Rebondit sur une suggestion de l’un des élèves. Intervient sur le collage grand format de Anne, mais seulement parce qu’elle le lui a demandé.Les élèves, ce jour-là, sont des adultes. A l’aise. Mais studieux. L’un bosse sans discontinuer, ne lève pas le nez de son ouvrage. L’autre contemple, médite. A la recherche du meilleur pour son travail. Hésite. Recule. Plisse les yeux. Finit par réclamer le secours de tous. Et les échanges commencent. Christine en chef d’orchestre. On pouffe de rire, on s’enthousiasme, on dévie…. On s’amuse, on se moque et, soudain, on est à nouveau sérieux. Les choses avancent.
Ici, tous se sentent respectés dans leurs différences. Dans leurs individualités. Ce qui fait qu’ici, l’air circule. On respire. L’ambiance est souple. Disciplinée, mais doucement élastique.
Le matériel...Forcément, ce sont des pots de pinceaux, des piles de papier dessin, des châssis, des petits outils divers, des livres d’art, des tubes de peinture… Ils font partie du décor. Ils participent de l’esprit créatif qui règne ici. Et finalement ils sont beaux. Pas vraiment en fouillis, car, obligés par les ateliers qui se succèdent, les participants prennent soin de ranger. Christine veille. Les boîtes et les étagères sont sagement étiquetées. Parfois, ce sont même des dessins qui illustrent les contenus: ciseaux, trombones, pinces, scotchs… Il y a aussi de la lecture placardée au mur: « une couleur n’est pas une couleur! », « ce ne sont pas des exercices que je vous donne, ce sont des défis! ». De quoi réfléchir un brin.
Les travaux en cours: suivant le sujet d’atelier, les projets les plus fous s’élaborent durant l’année. Cette fois, la consigne était de partir d’un élément de voiture… Voilà donc les morceaux de carcasses qui arrivent à l’atelier! Qui envahissent les coins et recoins de la grande pièce du premier étage! Une portière, un capot, une aile, une roue… Et peu à peu se révèlent les sujets attachés à « la voiture ». On en fait une affaire personnelle. Les souvenirs, les émotions, les rêves, les cauchemars, les fantasmes…Ou on débouche sur les idées de règlements, de dangers, d’évasion, de vitesse… On peut aussi détourner le sujet, le retourner comme une chaussette, le faire délirer, le métamorphoser, le faire changer de registre… Tout ce qu’on veut. Pourvu que, au bout de l’aventure, naisse une réalisation plastique intéressante, vivante, riche et significative. Et qu’au passage, on ait un peu appris sur soi, sur les autres, sur le monde, sur la vie, en plus du dessin et de la couleur.
Résultat. Des boucles d’oreilles géantes sur le thème du jeu des Mille Bornes! Une plage arrière qui raconte une histoire de mauvaise dispute familiale. Un travail sur la ligne jaune, ses interdits, sa continuité…
Un autre sur le pneu, ses traces, ses empreintes. Un autre sur le rétroviseur, devenu rétro-visage. Un autre encore sur les cartes routières. Une carrosserie qui se coule dans des sujets artistiques traditionnels (nature morte ou déjeuner sur l’herbe). Un mémorial d’accident de la route. Et mille autres choses.Cliquer sur les visuels pour agrandir, en deux fois