Peindre c’est aussi dessiner en peignant comme ferait un laboureur qui donne forme à son champ en le labourant, en le rendant, par la même, visible. C’est aussi une manière d’écrire ou de lire le Livre de l’existence en faisant émerger le Sens indéfini et ouvert sur tous les possibles et ce, par le moyen du stylet et non du pinceau lécheur de surface, contre les effets duquel les maitres d’ateliers des Beaux-Arts mettaient en garde leurs étudiants. Tracer c’est peindre en produisant des traces, des traits des tirets des trainées dans la matière picturale sans désir morbide de l’achever en l’étouffant par l’usage d’un pinceau « lisseur »de surface (différent de ponceur) dont le but ultime est de rendre invisible sa propre trace et de nier son humaine condition. Peindre, c’est toujours peindre autrement. Et toute reprise n’est souvent que le point de départ d’une nouvelle aventure, au cours de laquelle l’artiste, est sommé de désapprendre, pour pouvoir renouer avec sa condition primordiale d’autodidacte, en cours de formation.