Grincheux et coléreux, les effets émotionnels à long terme des troubles du sommeil chez l’enfant, décrits par cette étude de l’Université de Houston, vont bien au-delà de ces traits de caractère. Risque d’irritabilité, d’impulsivité, de troubles de la concentration et plus largement du comportement, mais aussi d’anxiété et de dépression, voilà ce que réserve la privation ou l’insuffisance de sommeil à l’enfance. Des résultats, à méditer en période de rentrée, présentés par ces psychologues de Houston, qui publient aussi dans les Sleep Medicine Reviews.
Les chercheurs ont cherché à comprendre comment les enfants évaluent, expriment, contrôlent et se souviennent, de leurs expériences émotionnelles, à la fois quand ils dorment suffisamment et quand ils manquent de sommeil. Pourquoi ce focus sur l’enfance ? Parce que les habitudes de sommeil se développent tôt dans la vie, rappellent les chercheurs du Centre » Sleep and Anxiety » de Houston.
Afin d’identifier les schémas cognitifs et les processus émotionnels spécifiques associés à un mauvais sommeil, les chercheurs ont limité, de manière temporaire, la durée de sommeil chez 50 enfants pré-adolescents âgés de 7 à 11 ans. L’expérience confirme que la privation de sommeil entraîne non seulement le développement d’émotions négatives, mais aussi la déformation des expériences émotionnelles positives. Par exemple, après seulement 2 nuits de sommeil de mauvaise qualité, les enfants tirent moins de satisfaction d’expériences positives et sont moins enclins à se rappeler de » bons » souvenirs. Lorsque leurs habitudes de sommeil reviennent à la normale, les enfants retrouvent un équilibre émotionnel et un bien-être psychologique.
Le manque de sommeil peut conduire à la dépression et à l’anxiété : les parents doivent donc penser au sommeil de leurs enfants comme une composante essentielle de leur santé au même titre que la nutrition, l’hygiène dentaire et l’activité physique. Des problèmes de réveil le matin ou une somnolence durant la journée doit évoquer une durée de sommeil nocturne insuffisante.
Troubles du sommeil = troubles du comportement à l’enfance : c’est durant l’enfance que se développent les systèmes de régulation du sommeil et de l’émotion. Le besoin accru de sommeil et une plus grande plasticité du cerveau pendant l’enfance suggèrent une fenêtre critique d’intervention précoce possible en cas de troubles du sommeil ou émotionnels. Le poids de la dépression et de l’anxiété dans notre société, commentent les auteurs, vaut bien l’identification précoce des facteurs de risque et des interventions nécessaires.
Sommeil et régulation des émotions : une récente analyse de la littérature scientifique sur le sujet (2), fournit ainsi des preuves que sans sommeil suffisant, les gens sont moins susceptibles de rechercher des expériences positives ou enrichissantes si elles exigent un effort -comme certaines activités sociales ou de loisirs. Au fil du temps, ces changements de comportement entraînent un risque de dépression et de diminution de la qualité de vie. Ainsi, de multiples processus émotionnels semblent pouvoir être perturbés par un mauvais sommeil, concluent les auteurs, notre capacité d’auto-surveillance, d’identification et de compréhension des émotions des autres ou encore de contrôle des impulsions.
Sources: University of Houston 22 July, 2016 Lack of Sleep Increases a Child’s Risk for Emotional Disorders Later
(2) Sleep Medicine Reviews 2016 DOI: 10.1016/j.smrv.2015.12.006 Sleep and emotion regulation: An organizing, integrative review
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