Titre : Endurance
Scénariste : Pascal Bertho
Dessinateur : Marc-Antoine Boidin
Parution : Janvier 2009
Une fois les pôles Nord et Sud atteints, que restait-il aux explorateurs ? Et pourquoi pas traverser de mer à mer le pôle Sud ? C’est cette première tentative que narrent Marc-Antoine Boidin et Pascal Bertho dans « Endurance », du nom du bateau qui emmena cette expédition en pleine première Guerre Mondiale. Le tout est publié chez Delcourt dans la collection Mirages pour 130 pages d’aventure glaciale.
Une formidable aventure humaine
Dans la course au Pôle Sud, Shackleton possède un rôle ingrat : il fut accusé par Scott de lui avoir fait rater sa première tentative. La suite fut cruelle : Amundsen atteint le pôle deux semaines plus tôt que Scott et ce dernier mourut au retour, érigé ensuite en gloire nationale. Shackleton cherche ainsi une rédemption avec cette expédition.
C’est une formidable aventure humaine qui nous est contée ici : l’histoire d’un équipage bloqué dans les glaces pendant l’hiver austral et qui survit alors que cela paraît impossible. Mais c’est surtout l’histoire d’hommes qui partiront chercher des secours sur une barque de fortune, parcourant des centaines de kilomètres et traversant une chaîne de montagne pour retrouver des humains. Une histoire où l’espoir ne semblait plus permis.
Preuve s’il en est de ce côté « trop » documenté, l’ouvrage nous propose un petit dossier qui nous explique la quête du Pôle Sud et l’histoire de Shackleton (alors que c’est expliqué dans les planches ensuite). Des photos viennent étayer l’histoire à la fin de l’ouvrage également, comme pour prouver que l’histoire est vraie. Ce genre de procédé me dérange beaucoup, puisqu’il sous-entend que la bande dessinée ne se suffit pas à elle-même.
Le dessin de Marc-Antoine Boidin rend parfaitement grâce à cette aventure. Ses planches sur la mer et la glace sont formidables. On sent le froid, la souffrance et la fatigue des hommes. Rien que pour cela, l’ouvrage vaut le coup d’œil. À l’inverse, dans les planches en plein civilisation, il rend un travail plus propre et moins percutant.
Si vous ne connaissez pas l’histoire de cette expédition, « Endurance » pourrait bien vous tenir en haleine. Le dessin de Boidin rend bien la rudesse de cette aventure humaine exceptionnelle. Mais on aurait aimé un scénario plus inventif, qui n’hésite pas à extrapoler et sorte des clous. Cela aurait été plus pertinent que ces pages de dossier inutiles, qui nie le travail des bédéistes.