On va surtout parler des bouquins de la rentrée littéraire, un peu comme tout le monde jusqu'à la fin de l'année, mais de temps en temps il reste quelques livres-essais ou romans sortis quelques mois ou semaines avant qu'on a envie de mettre en avant comme ces trois belles lectures qu'on vous présente maintenant :
1 L'importun-Aude Le Corff ( Stock)
Le titre le nomme ainsi, mais au fait, est-il si importun ce vieux monsieur qui s'échappe de sa maison de retraite pour revenir dans son ancienne maison où se sont installés la narratrice et sa famille ?
On entre très facilement dans ce livre et on y croit. Une amie pourrait nous raconter cela, elle va au cinéma, s'occupe de ses enfants, suit l'affaire Pistorius à la télévision. mais par l'intermédiaire des conversations avec l'ancien propriétaire qu'elle apprivoise peu à peu et avec qui elle retrouve sa propre histoire, des sujets importants sont abordés : les manquements affectifs dans l'enfance impossibles à surmonter, les traumatismes des enfants de résistants pendant la guerre, le réconfort à trouver dans les choses simples.
Sans mièvrerie et sans facilité, ce court roman d'a peine 200 pages est une lecture facile, mais qu'on aurait tort de négliger d'une nouvelle voix de la littérature française, qu'on avait connu par son brillant blog Aude Nectar.
2.« Cancer et boule de gomme »; Pascale Leroy ( Robert Laffont)
Très beau témoignage, sobre et très juste sur la maladie du siècle, le cancer dans lequel Pascale Leroy nous parle de la maladie qui a touché sa sœur Christine.
Le sujet est classique (hélas), mais l’angle plutôt original celui de tenter de mettre de côté la culpabilisation un phénomène tellement récurrent avec cette maladie : on cherche explication à tout, comme si on était non seulement malade du cancer mais en plus, coupable et responsable de son état. Pourquoi moi? Que pouvons-nous faire afin d’éviter la maladie? Comment y remédier? Toutes ces questions n’ont finalement pas de raison d’être
Pour l’auteur, Il n'existe jamais aucune raison raisonnable et acceptable d'être malade, nous dit ce récit intime dont chaque étape, de l'annonce du diagnostic aux derniers instants, résonne en chacun de nous. Avec une incroyable vitalité et une vraie force d'apaisement.
Pascale Leroy nous donne les clefs de l'apaisement en partageant avec chacun son expérience du doute et de la peur.
Un témoignage qui évite le pathos et la culpabilité et qui devrait être offert à chaque accompagnant et à chaque malade.
3..Landfall, Ellen Urbani ( Gallmeiser)
De 1991 à 1993, Ellen Urbani fut membre de l'agence américaine du Corps de la Paix au Guatemala, sa sensibilité et vocation humanitaire particulièrement pointue, elle l’a mis au service de son premier roman qui nous plonge dans le destin croisé de deux familles, l’une blanche, l’autre noire, prises dans la tourmente de l’ouragan Katrina en 2005. . Le passage de l'ouragan Katrina sur la Louisiane et ses conséquences dramatiques, on le ressent parfaitement à travers cette fiction chorale et admirablement troussée.
Gertrude et Rose Aikens vivent en Alabama. Au lendemain du passage de Katrina, comme beaucoup de leurs concitoyens, cette mère et sa fille de 18 ans se rendent dans un centre de la Croix-Rouge, la voiture chargée de vêtements et de vivres pour leurs voisins louisianais sinistrés. Mais sur la route, elles ont un accident : Gertrude périt sur le coup, ainsi qu’une jeune fille noire que leur véhicule a percutée.
Après les funérailles de sa mère, sa seule famille, Rose se met en tête de retrouver les proches de l’autre victime dont seul le prénom, Rosy, a été identifié, et sur laquelle on a découvert une carte de visite, un reçu de cafétéria et la page d’un annuaire arrachée où figure le nom des Aikens.
A la lecture du livre qui prolonge avec une bien belle intensité la grande tradition de la littérature sudiste, on se trouve littéralement Emporté par la tourmente de l’ouragan Katrina tant "Landfall" nous conte l’histoire de Rose, Rosie et leurs mères qui nous embarque littéralement dans un formidable épopée romanesque, qui parvient parfaitement à rendre compte notamment de l’impossible travail de deuil, et là encore à essayer d’éviter le chemin de la culpabilité et du désarroi…Un grand livre du début d’année 2016