Un film de Gilles Bourdos (2012 - France) avec Michel Bouquet, Christa Théret, Vincent Rottiers, Thomas Doret
Les dernières années du célèbre peintre.
L'histoire : 1915. Côte d'Azur. Auguste Renoir est vieillissant et il souffre d'une polyarthrite rhumatoïde qui déforme ses articulations et l'empêche de marcher. Peindre même devient difficile mais il est totalement obsédé et n'a pas l'intention de s'arrêter. Son épouse est décédée depuis longtemps. Il vit avec ses domestiques et son plus jeune fils, Coco. Ses deux autres garçons sont partis à la guerre. Jean revient, gravement blessé, pour une convalescence qu'il espère brève. Et tombe amoureux d'Andrée, le nouveau modèle de son père, jeune, magnifique, libre, audacieuse.
Mon avis : Des maladresses, des lenteurs (y compris quelques ralentis), des images, des scènes même, en "trop" (qui n'apportent rien, voire intriguent...), ce film est loin d'être parfait.
Mais il s'en dégage au final une belle harmonie, l'esprit d'une époque et une esthétique (paysages, nus...) qui rappelle sans cesse le travail de cet artiste qui est l'un des mes préférés. La peinture - c'est quand même le sujet principal - est très bien mise en avant avec toutes sortes de détails bien authentiques : les "petites mains" qui préparent les couleurs, les multiples croquis que fait l'artiste avant de composer son tableau, l'inspiration qu'il a en tête par rapport à son modèle, qui lui sert davantage de muse, de support, que de sujet à copier au détail près (Andrée ne reste pas en place...) et tous ces incroyables petits coups de pinceau, insignifiants, qui petit à petit forment une scène bouleversante.
Les répliques du peintre illustrent bien son caractère : un malicieux "je crois que je m'améliore", un obstiné "je peindrai jusqu'à ma mort". On dit que sur son lit de mort il réclama son matériel pour peindre un petit bouquet dans sa chambre...
Je garderai globalement un souvenir très "impressionniste" : des couleurs par petites touches, de la lumière, de l'eau qui scintille, une douce sensualité.
Ce qui m'interroge ? Pourquoi juste les dernières années de Renoir ? Ce ne sont pas forcément les plus intéressante, ça ne montre pas toute la personnalité. J'ai toujours trouvé bizarre cette idée de prendre juste un période (comme le Mr Turner, qui m'a beaucoup déçue)... sauf s'il y a vraiment eu un événement extraordinaire, propre à bouleverser, justement, le cours de la vie de l'intéressé. L'oeuvre d'un artiste évolue, comme sa vie ; je pense essentielle d'en capter la globalité.
D'ailleurs, je n'ai guère apprécié qu'une trop large part du film s'intéresse à... Jean Renoir, le futur cinéaste. On le voit, de retour de la guerre, convalescent, se passionner pour les films et bricoler un projecteur plus performant ; on suit aussi toute son histoire d'amour avec le modèle de son père, Andrée, qu'il épousera. Son autre fils présent à cette époque (l'aîné est toujours sur le front), le petit Coco (incarné par le Gamin au vélo, Thomas Doret), voit son rôle bien plus minimisé. Parfois on se demande : Mais c'est un film sur Auguste ou sur Jean ?
J'ai également été un peu agacée par la complaisance de la caméra sur la nudité de Christa Théret. Quand elle pose, OK, normal, une seconde, deux secondes, on passe à autre chose. Mais le nu frontal purement gratuit... bof. Enervant.
Mais, pour l'essentiel, j'ai trouvé ce film bien joli et très bien interprété.