Robert Lalonde est l’un de mes écrivains fétiches. J’ai lu et aimé presque tout ce qu’il a publié, avec une émotion particulière pour C’est le cœur qui meurt en dernier, son magnifique récit portant sur sa relation à sa mère. Le petit voleur, c’est autre chose. Un roman qui donne vie à son auteur fétiche à lui, Tchékhov. Un peu fiction, un peu leçon de maître. Rappelant par moment les merveilleuses Lettres à un jeune poète de Reiner-Maria Rilke.
Lecture agréable, leçon d’écriture. Bien sûr. C’est du Lalonde. Cependant, je suis restée en marge de l’émotion qui a présidé à l’écriture de l’œuvre, le cœur sur son quant-à-soi. La tête s’est chargée de tout.
J’ai souri à ce conseil du maître à son disciple, comme un écho de L’art difficile de ne presque rien faire dont je vous parlais dans mon précédent billet :
« Ne travaille pas trop, Iégor. Celui qui est oisif prête l’oreille. Bon gré, mal gré, il entend ce qu’on dit, voit ce qu’on fait. Alors que celui qui travaille — écrit — est trop occupé à inventer pour voir et entendre. La vie ne revient pas. On ne peut pas davantage la rattraper que son ombre… »
Du plaisir, donc, mais pas d’extase. On ne peut vibrer de la même manière à chaque lecture.
Robert Lalonde, Le petit voleur, Boréal, 2015, 183 pages