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Trop sage plaisir

Par Carmenrob

Robert Lalonde est l’un de mes écrivains fétiches. J’ai lu et aimé presque tout ce qu’il a publié, avec une émotion particulière pour C’est le cœur qui meurt en dernier, son magnifique récit portant sur sa relation à sa mère. Le petit voleur, c’est autre chose. Un roman qui donne vie à son auteur fétiche à lui, Tchékhov. Un peu fiction, un peu leçon de maître. Rappelant par moment les merveilleuses Lettres à un jeune poète de Reiner-Maria Rilke.

Unknown
Un jeune russe de confession juive, fan fini du grand homme, rêve d’écrire sous sa direction et se jette sur les routes gelées de Sibérie pour le rejoindre. Pour sa part, Tchékhov, affecté d’une maladie pulmonaire et du désespoir de qui poursuit l’écriture de l’inaccessible roman, part pour Nice se refaire une santé. Rendez-vous raté qui donne lieu à une correspondance dans laquelle le célèbre auteur transmet ses conseils à l’apprenti.

Lecture agréable, leçon d’écriture. Bien sûr. C’est du Lalonde. Cependant, je suis restée en marge de l’émotion qui a présidé à l’écriture de l’œuvre, le cœur sur son quant-à-soi. La tête s’est chargée de tout.

J’ai souri à ce conseil du maître à son disciple, comme un écho de L’art difficile de ne presque rien faire dont je vous parlais dans mon précédent billet :

« Ne travaille pas trop, Iégor. Celui qui est oisif prête l’oreille. Bon gré, mal gré, il entend ce qu’on dit, voit ce qu’on fait. Alors que celui qui travaille — écrit — est trop occupé à inventer pour voir et entendre. La vie ne revient pas. On ne peut pas davantage la rattraper que son ombre… »

Du plaisir, donc, mais pas d’extase. On ne peut vibrer de la même manière à chaque lecture.

Robert Lalonde, Le petit voleur, Boréal, 2015, 183 pages


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