On sait que les antibiotiques, par exemple, affectent et appauvrissent notre microbiote intestinal. Mais l’inverse est également vrai. Notre flore intestinale détermine aussi notre réponse aux traitements, suggère cette étude de l’Université Kumamoto (Japon), présentée dans la revue Molecular Pharmaceutics. Perturbé, notre microbiote peut ainsi non seulement réduire considérablement l’efficacité d’un traitement, mais aussi favoriser la survenue d’effets secondaires. Déjà condition de bonne santé, le microbiote intestinal se révèle ici comme un régulateur d’efficacité thérapeutique.
On sait maintenant que le microbiote intestinal a de multiples influences sur la santé humaine, cette étude montre son effet possible sur la réponse de l’organisme aux médicaments. Cette recherche japonaise suggère que les changements dans la flore intestinale, causés par les médicaments antibactériens et antibiotiques ou encore par des différences entre les patients, peuvent avoir un effet sur la réponse aux médicaments et donc sur la survenue d’effets secondaires. Précisément, les chercheurs » déroulent » le processus suivant : les antibactériens entraînent des changements dans la flore intestinale, ces changements ont une influence sur la capacité du foie et des reins à détoxifier et éliminer les molécules thérapeutiques, et cela en raison de modifications dans les protéines de métabolisation et de transport.
Les chercheurs ont suivi l’évolution des niveaux de protéines impliquées dans le métabolisme et dans le transport des médicaments dans le foie et les reins, chez 3 groupes de souris,
– un groupe expérimental de souris sans germes privées de bactéries intestinales depuis la naissance,
– un groupe de souris ayant reçu des médicaments antibactériens pendant 5 jours consécutifs,
– et un groupe de contrôle avec sa flore intestinale d’origine.
Ils montrent que les changements de microbiote (cas 1 et 2) peuvent entraîner :
· une réduction jusqu’à 96% de 2 enzymes majeures pour la métabolisation des médicaments. Or ces 2 enzymes ont leur équivalent chez l’Homme, qui interviennent dans la métabolisation de plus de la moitié des médicaments humains,
· une baisse de 82% de la capacité du foie a métaboliser ces médicaments,
· une réduction de plus de 50% des niveaux d’une protéine de résistance au cancer du sein (BCRP1), une protéine qui transporte de nombreux types de médicaments anticancéreux.
L’effet thérapeutique, médié par le microbiote : l’étude suggère ainsi, sur la souris, que les effets de nombreux médicaments peuvent être affectés par des changements de microbiote intestinal. Un mécanisme à confirmer chez les humains, mais qui déjà non seulement sensibilise au cercle vicieux antimicrobiens/ou antibiotiques – perturbation du microbiote – moindre efficacité des traitements mais qui incite aussi en pratique à rechercher chaque fois le dosage optimal pour une efficacité thérapeutique maximale et sans effets secondaires des médicaments.
Source: Molecular Pharmaceutics July 5th, 2016 DOI: 10.1021/acs.molpharmaceut.6b00259 Effect of Intestinal Flora on Protein Expression of Drug-Metabolizing Enzymes and Transporters in the Liver and Kidney of Germ-Free and Antibiotics-Treated Mice (Visuels@Dr. Sumio Ohtsuki)