Sophie Straw est bien décidée à ne pas se contenter d'être Miss Blackpool, son ambition est bien plus large : depuis toujours, elle souhaite faire rire les gens. Pour cela, elle décide de quitter Blackpool pour tenter sa chance à Londres. Grâce à son agent et à sa pugnacité, elle décroche un rôle fait sur mesure dans une comédie playhouse, cette demi-heure de programmation naguère rampe de lancement pour les feuilletons de la BBC. Intitulée "Barbara (et Jim)" la comédie mettra en scène un couple en proie à des situations cocasses. Rapidement, une complicité s'installe dans l'équipe dirigée par les scénaristes Tony et Bill, toujours à la recherche de la bonne intrigue et du bon rythme. Clive, le partenaire de Sophie, "Jim" à l'écran, se révèle attachant sous ses allures de séducteur et le producteur Dennis couve son petit monde avec tendresse. Sophie évolue comme un poisson dans l'eau dans ce milieu et leur série connaît rapidement un succés fulgurant.
Nick Hornby témoigne ici avec talent de sa passion pour les "Swinging Sixties" et il réussit brillamment à rendre le souffle de l'époque, qu'il évoque l'arrivée du divertissement à la télévision, les luttes des homosexuels pour faire valoir leur droit et ne plus être condamnés à la prison ou à un mariage de façade, ou encore l'émancipation des femmes. La série lui permet d'explorer les subtils liens ui unissent fiction et réalité dans l'esprit des spectateurs, comme dans ces passages où Jim raconte que s'il traîne dans des bars, on vient le voir en lui conseillant de rentrer à la maison auprès de sa chère et tendre Sophie ... être fictif... L e divertissement à la télévision s'épanouit, face à un lot d'intellectuels qui le fustige et pensent que ce divertissement n'augure rien de bon pour l'avenir. Sur ce sujet, un dialogue passionnant oppose Dennis et Vernon, intellectuel pure souche, qui s'affrontent autour de la définition de l'intelligence et de l'avenir du divertissement, Vernon restant persuadé que les producteurs seront prêts aux pires indécences pour faire rire le spectateur et le divertir... A méditer... Mais ce que prouve avant tout ce roman, à travers cette série fictive à succés, est que la culture populaire rassemble finalement puisque la série est suivie par tout un chacun derrière son petit écran et abondamment commentée.
"Quelle chose terrible que l'éducation, songeait-il, si elle forgeait des esprits qui méprisent le divertissement et tous ceux qui lui accordent du prix." p. 102
Cet hommage aux comédies des années 60 est à la fois drôle et intelligent, plus profond qu'il n'y paraît au premier abord sous ses allures de divertissement...
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Funny girl, Nick Hornby, traduit par Christine Barbaste,10/18, août 2016, 456 p., 8.40 euros