Quand j’ai une panne de lecture, le seul moyen que j’ai pour ne pas rompre tout contact avec les livres, c’est de lire du court, principalement de la poésie. Je dirai même très court parfois. Et un de mes derniers remèdes utilisés est bougrement efficace : le haïku. Exotique, tranchant, drôle, concis, simple, naturel, beau.
C’est donc avec une certaine évidence que j’ai emprunté à la médiathèque Paroles du Japon (des haïkus présentés par Jean-Hugues Malineau) quand je l’ai croisé au détour d’une allée. Je suis tombée sous le charme de ce minuscule ouvrage qui se dévore en quelques minutes ou se savoure sur plusieurs journées, c’est selon votre bon plaisir.
On retrouve bien sûr les célèbres haïkus de Basho mais vous découvrirez également ceux d’Issa, de Ryôkan et d’autres nombreux auteurs japonais des siècles passés. Ils sont rassemblés selon des thématiques semblables (un oiseau, la rosée…). Tous ont un lien plus ou moins ténu avec la nature, et on ressent à leur lecture une douce zénitude s’installer. Le rythme, les sons, les mots ? On ne sait lesquels des trois nous bercent le plus. Les traductions sont très bien réalisées, mais ma curiosité aurait beaucoup apprécié pouvoir en voir au moins certains dans leur langue originale.
Toutefois, ce petit recueil a un autre avantage de poids : les illustrations. Toujours à propos et magnifiques, elles prennent une large place dans cet ouvrage sans voler la scène aux haïkus. Pour notre plus grand bonheur, les deux se complètent et s’unissent à merveille. Les estampes de Hokusai et Hiroshige sont connues dans le monde entier, et sont utilisées à très bon escient dans ce livre.
Cet ouvrage m’a vraiment fait du bien et a apporté une touche de douceur et d’originalité dans mes lectures. On oublie souvent que les écrits les plus simples et les plus courts sont aussi ceux qui peuvent nous toucher le plus. Je ne peux que vous inviter à découvrir ce recueil que, j’espère, vous apprécierez autant que moi.
Paroles du Japon, haïkus présentés par Jean-Hugues Malineau, Carnets de sagesse, aux éditions Albin Michel, 10€.